À l’approche du Vendredi fou, plusieurs consommateurs comptent profiter des rabais qui pleuvent sur tous les produits dans une optique de plaisir alors que plusieurs autres appellent à réduire leur consommation afin de limiter l’impact environnemental de cette journée de magasinage.
La majorité des consommateurs considère le Vendredi fou comme une occasion de profiter des rabais et d’économiser de l’argent à l’approche des Fêtes. Pourtant, le concept de ce fameux vendredi, ou Black Friday, tient ses origines des années 1950 aux États-Unis et est directement relié à leur version de l’Action de grâce.
Black Friday, un concept américain
En entretien avec Métro, la professeure adjointe en sciences de la consommation de l’Université Laval Maryse Côté-Hamel explique que les magasins étaient traditionnellement fermés aux États-Unis le jeudi de Thanksgiving et qu’il était coutume de commencer les festivités de Noël et l’achat de cadeaux le lendemain, soit le vendredi.
«Black Friday proviendrait de Philadelphie. Les policiers trouvaient la ville difficile à gérer à cause du nombre de personnes qui se déplaçaient au centre-ville pour magasiner. Ils l’auraient donc surnommé “Vendredi noir” en référence à cette journée qu’ils redoutaient et ça s’est répandu dans la culture populaire comme une journée spéciale.»
Une journée pour repenser sa consommation
En réaction aux nombreux encouragements à la consommation cette journée-là, un mouvement est né au début des années 1990 afin de créer l’effet inverse et de décourager les gens à acheter compulsivement.
«La COP27 vient de se terminer, et ce serait plutôt un moment pour réfléchir à notre consommation et viser la modération, soutient Benoit Duguay, professeur au Département d’études urbaines et touristiques de l’École des sciences de la gestion (ESG) et auteur d’ouvrage sur la consommation. On parle beaucoup d’environnement, et le Vendredi sans achat appelle à repenser notre consommation afin de ne pas consommer à outrance.»
Mme Côté-Hamel précise aussi qu’avec le temps, le Vendredi fou est devenu davantage un moment pour faire de grands profits ou de grandes économies qu’une fête soulignant le début des célébrations de Noël. «Plusieurs ont commencé à dénoncer le Black Friday comme une fête de surconsommation. Les gens ont aussi commencé à réfléchir à la planète et à leurs propres choix de consommation dans une optique de “j’achète, je vote”. En n’achetant pas, c’est un vote pour la planète.»
Plus ou moins de consommation cette année?
Selon nos deux interlocuteurs, il est difficile de déterminer si la consommation sera plus ou moins grande cette année. Cependant, ils sont d’avis que les assouplissements des mesures sanitaires peuvent encourager la consommation.
On pourrait penser que la tendance serait à la baisse cette année à cause de l’inflation, la hausse des prix et des taux d’intérêt, faisant en sorte que les consommateurs soient plus raisonnables. Il faut cependant rappeler que la consommation est un moment de plaisir, surtout pendant les Fêtes, et puisque plusieurs se sont privés ces dernières années, plusieurs vont se gâter et en profiter pour dépenser.
Benoit Duguay, professeur au Département d’études urbaines et touristiques de l’École des sciences de la gestion
Maryse Côté-Hamel fait part d’un avis similaire. «Les Fêtes vont être différentes cette année, car moins pandémiques. Les consommateurs vont avoir tendance à célébrer avec plus de personnes et à plusieurs reprises, donc cela entraînera une augmentation de la consommation individuelle chez certains. Aussi, profiter du Black Friday pourrait être intéressant pour des gens qui se serrent la ceinture présentement, donc faisant croître la consommation malgré un contexte économique inflationniste.»