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Mission canadienne: des Haïtiens de Montréal sceptiques

L'ambassadeur du canada à l'ONU avec Ariel Henry, le premier ministre haïtien.

La communauté haïtienne de Montréal s’avoue perplexe face à l’actuelle mission canadienne dans leur pays d’origine.

Le Canada tente de juguler la crise politique et sécuritaire que vit Haïti. L’actuel ambassadeur du Canada aux Nations unies, Bob Rae, termine ce vendredi des rencontres avec la classe politique et la société civile haïtienne en vue de «favoriser une plus grande unité entre les principaux intervenants en faveur d’une voie et d’un processus politiques pour des élections démocratiques» selon un communiqué d’Affaires mondiales.

Il y a une obsession canadienne pour les élections, mais lorsque cela arrive, c’est que le gagnant est déjà connu dans les officines.

Frédéric Boisrond, sociologue d’origine haïtienne

«On est d’accord sur le principe qu’il faut organiser des élections, mais les conditions actuelles ne les permettent pas», fait remarquer l’ancien professeur de sociologie à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) Jean-Claude Icart.

Les deux sociologues prônent une période de «transition sérieuse» et disent souhaiter que le problème de l’insécurité soit réglé le plus rapidement possible. «J’espère qu’elle donnera quelque chose cette mission, dit M. Icart, que les gens qui sont en mission finiront par comprendre.»

Jean Ernest Pierre qui dirige la radio haïtienne de Montréal, CPAM, est aussi du même avis. Dans les conditions actuelles du pays, il est prématuré de parler d’élections. «On a l’impression qu’en Occident, les élections sont une fin en soi. Ultimement, il faudra des élections, mais le pays n’est pas prêt pour cela», estime-t-il.

M. Pierre, qui se prononce en faveur d’une intervention militaire dans son pays d’origine pour démanteler les bandes armées estime, lui aussi, qu’on doit commencer par là: la sécurité avant des compétitions électorales.

Rappelons que le Canada hésite encore à prendre la tête d’une mission militaire en Haïti, arguant qu’il faut une entente politique de prime abord entre les Haïtiens.

En attendant, depuis le mois de novembre, Ottawa, dans le cadre de la résolution 2653 de l’ONU, adopte des sanctions contre des politiciens, chefs de gang et oligarques qui financent ou qui soutiennent les activités criminelles.

Au total, 11 personnes, dont l’ancien président Michel Martelly, sont actuellement sous ce régime de sanction. Le sénateur haïtien Rony Célestin, qui possède une villa de 4,25 M$ au bord de l’eau à Laval, fait partie des personnes concernées par ces mesures répressives.

Je ne crois pas que parce qu’on a sanctionné 11 oligarques et politiciens que demain matin le pays est devenu un pays sécuritaire, soyons sérieux.

Frédéric Boisrond, sociologue d’origine haïtienne

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