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Démantèlement du campement sous l’autoroute Ville-Marie: «un dialogue de sourds», constate la juge

Le campement sous le l'autoroute Ville-Marie.

Le campement sous l'autoroute Ville-Marie

Le gouvernement du Québec et les intervenants communautaires soutenant les personnes en situation d’itinérance qui campent sous l’autoroute Ville-Marie sont pris dans «un dialogue de sourds», a déploré mardi la juge Chantal Masse, de la Cour supérieure du Québec.

L’audience qui oppose le ministère des Transports (MTQ) à la Clinique juridique itinérante s’est close aujourd’hui, et a été prise en délibéré. La Clinique demande le report au 15 juillet du démantèlement du campement, situé près de la rue Guy et de l’avenue Atwater, pour des travaux majeurs.

«Soit il y a une coopération qui n’est pas véritable d’un côté ou de l’autre, ou il y a un énorme malentendu», a constaté la juge Masse.

Par ailleurs, le MTQ enverra un nouvel avis d’éviction demain, annonçant un démantèlement le 12 avril prochain, ont annoncé ses avocates. À défaut d’une entente, la juge rendra sa décision in extremis au retour du congé de Pâques, le mardi 11 avril à la première heure.

Le CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal a mis diverses ressources à la disposition des personnes itinérantes depuis le premier avis d’éviction de novembre 2022, mais ces dernières ne voulaient pas de l’aide offerte, a plaidé Me Marie Couture-Clouâtre, du procureur général du Québec.

De son côté, Me Éric Préfontaine, qui représente la Clinique juridique itinérante, a réitéré qu’il n’y avait aucune «démarche concrète ou mesure prise pour favoriser le logement ou la relocalisation.»

C’est comme si on était sur deux planètes complètement différentes.

La juge Chantale Masse, de la Cour supérieure du Québec

Les avocats des deux parties se rencontreront cette semaine en compagnie des campeurs, des intervenants communautaires et du CIUSSS, à la demande expresse de la juge Masse. La magistrate a invité les parties à plusieurs reprises à discuter pour trouver une solution «rapide» et «pratique» en dehors du cadre judiciaire. «Ma décision, quelle qu’elle soit, ne règlera pas la situation définitivement», a-t-elle souligné.

Des ressources sont disponibles, assure Québec

Des places en refuges sont disponibles pour les campeurs, a soutenu Me Couture-Clouâtre. Le CIUSSS et Projet Logement Montréal peuvent également accompagner les personnes itinérantes dans leurs démarches pour obtenir un logement permanent si elles le souhaitent, selon ses dires. «Nous ne sommes pas dans un cas où il n’y a nulle part où aller», a-t-elle ajouté.

«On a tenté, et on a toujours la volonté de trouver une solution», a assuré l’avocate.

Par ailleurs, une enveloppe budgétaire est à la disposition des campeurs pour les aider à payer un loyer du loyer, a expliqué Me Couture-Clouâtre. «On n’a jamais entendu parler de ça », lui a rétorqué Me Préfontaine.

Je suis convaincu que c’est une volonté réelle, mais est-ce qu’on peut passer de la parole aux actes? C’est là que le bât blesse.

Me Éric Préfontaine, avocat chez Osler, Hoskin & Harcourt, représentant la Clinique juridique itinérante

Les campeurs sont des «adultes autonomes» et on ne peut les forcer à recevoir de l’aide, a réitéré Me Couture-Clouâtre. Or, plusieurs des campeurs ont affirmé vouloir de l’assistance pour se reloger dans des déclarations signées déposées en preuve par la Clinique juridique itinérante.

Michel Chabot est l’un des campeurs sous l’autoroute Ville-Marie. Rencontré par Métro à la sortie de l’audience, il doute fortement de la volonté du gouvernement d’aider les membres de sa communauté. «Personne n’est venu me voir. J’ai le cancer, pis ils ne sont même pas venus me voir», a-t-il dit.

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