Actualités

Catherine Fournier: «j’avais peur de vivre avec cette étiquette»

Le passage de Catherine Fournier à l’émission Tout le monde en parle dimanche soir était un moment attendu, alors que la jeune politicienne révélait cette semaine qu’elle était la victime de l’ex-député de Rimouski du Parti québécois (PQ) Harold LeBel, condamné pour agression sexuelle.

La mairesse de Longueuil est revenue sur les difficiles étapes qui l’ont poussée en 2020 – près de trois ans après les faits – à dénoncer son agresseur. C’était par souci de cohérence, mais surtout parce qu’elle avait obtenu la garantie que son identité pouvait être protégée si un processus judiciaire était enclenché, qu’elle avait fait ce choix. Il s’est avéré, cependant, que l’identité de l’élue a fuité rapidement.

«C’est un long cheminement, au départ j’avais choisi de mettre ça dans une petite case dans ma tête, confie la mairesse. Je me disais que le déni c’était pas mal plus facile que l’alternative de dénoncer».

C’est pas parce qu’on veut oublier qu’on oublie

Catherine Fournier, mairesse de Longueuil

Catherine Fournier a reconnu avoir eu du mal à s’engager dans la voie judiciaire – bien que ce soit l’approche qu’elle préconise auprès des victimes d’agressions sexuelles – et ce malgré le soutien dont elle bénéficiait, de par sa position. Elle a expliqué avoir voulu protéger ses proches et craint pour sa carrière.

«Je ne souhaitais pas prendre le chemin du système de justice. J’ai mûri cette décision pendant plusieurs années. Je ne voulais pas vivre avec cette étiquette, j’avais peur des conséquences potentielles sur mon cheminement professionnel», énumère la Longueuilloise .

«Je me suis beaucoup jugée au départ»

La jeune politicienne a avoué avoir été surprise de sa réaction initiale, mais estime que son choix de rester un moment silencieuse a été guidé par la peur. Le fait d’être sexuellement agressé par une personne que l’on pense bien connaître génère une surprise qui peut-être paralysante, a affirmé Catherine Fournier.

«J’aurais pas pensé réagir de cette façon-là. Je me suis même beaucoup jugée au départ. Dans un contexte où on connaît la personne, ce qui diffère, c’est l’effet de surprise. C’est pas la personne qu’on connaît. On est face à un inconnu et on se demande jusqu’où ça peut aller», a témoigné la jeune femme.

Quand il a commencé à être très insistant, je lui ai clairement exprimé mon refus.

Catherine Fournier, mairesse de Longueuil

Catherine Fournier a par ailleurs déploré le fait que sa promesse d’anonymat ait été rompue, quand plusieurs informations permettant de l’identifier ont été divulguées. Elle a d’ailleurs annoncé que l’ex-député péquiste Stéphane Bédard remettra 10 000$ au Regroupement québécois des Centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS), suite à une entente, pour ne pas avoir respecté l’ordonnance de non-publication sur son identité.

La mairesse a qualifié cet épisode de «pire journée de ma vie».

«J’étais tellement déçue parce que les gens qui m’accompagnaient à travers le système de justice depuis la première journée où j’ai porté plainte ont fait un très bon travail et pris toutes les mesures pour protéger mon identité. Je me suis sentie dépossédée de mon choix», se remémore-t-elle.

Inscrivez-vous à notre infolettre et recevez un résumé, dès 17h, de l’actualité de Montréal.

Articles récents du même sujet

Exit mobile version