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Voici combien il faut gagner pour vivre dignement à Montréal

En plus de la hausse des prix du logement et des transports, les denrées alimentaires ont également connu une forte hausse.

À Montréal, en 2023, le revenu viable s’élève à 32 525 $, un chiffre en hausse de 2675 $ par rapport à l’an dernier. Cette augmentation est notamment attribuable à l’augmentation du coût des loyers, du panier d’épicerie et des transports. C’est ce qu’a déterminé l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) dans sa 9e édition de l’étude sur le revenu viable dans la province, laquelle se penche sur ce dont a besoin une personne pour vivre dignement hors de la pauvreté.

Pour une famille de deux adultes et de deux enfants à Montréal, le revenu viable est établi à 71 161 $ par année. Plus généralement, il faudrait entre 27 047 $ et 37 822 $ à un ménage composé d’une personne seule pour vivre hors de la pauvreté en 2023.

La base coûte plus cher

«Le salaire minimum augmente, oui, les revenus augmentent, oui, mais c’est aussi le cas du logement, de l’alimentation et du transport, explique la chercheuse pour l’IRIS Eve-Lyne Couturier. L’inflation dans ces trois facettes a été plus élevée que l’inflation générale, donc les augmentations ont été plus lourdes à porter pour les personnes à faible revenu. On peut décider d’aller moins souvent au restaurant et faire moins de voyage, mais chaque personne devrait être en mesure de faire ce choix sans y être contrainte par les dépenses investies dans l’essentiel.»

La baisse d’impôt annoncée le 21 mars dernier lors du dépôt du budget 2023-2024 par le ministre des Finances, Eric Girard, a aussi un impact négatif sur les personnes à faible revenu. Selon Mme Couturier, ces derniers paient déjà moins d’impôts en temps normal, ce qui fait que cette mesure ne les avantage pas, contrairement aux personnes dont le revenu se situe bien au-delà du revenu viable.

«Ce que l’on remarque, c’est que le cinquième des plus riches au Québec dépense 40% de ses revenus en habitation, en alimentation et en transport. Ceci est bien en deçà du cinquième le plus pauvre, qui dépense 60% de ses revenus dans ces trois éléments. Il est évident que la baisse d’impôt de cette année n’est pas pour les personnes les plus pauvres puisqu’elles en paient déjà peu ou pas et doivent subir les frais de l’inflation dans les catégories de dépenses essentielles.»

Des solutions de soutien

Des mesures plus efficaces peuvent être déjà mises en place pour permettre aux gens de vivre hors de la pauvreté. Au-delà de l’augmentation du revenu, la chercheuse précise que le gouvernement québécois pourrait jouer un rôle plus important dans la stabilisation des prix, rappelant qu’il ne suffit pas de regarder uniquement le revenu, mais bien ce qu’une personne peut faire avec celui-ci.

«Québec peut ralentir l’augmentation des dépenses de base en établissant des freins aux prix avec des mesures gouvernementales. En stabilisant les prix, les gens auront plus d’argent à dépenser dans différentes catégories, par exemple voyager ou aller au restaurant. Libérer des dépenses de cette manière stimulera en retour le tourisme et la restauration puisque les gens vont être moins serrés financièrement. Les effets structurels seraient immédiats et très intéressants, et ce, pour l’ensemble de la société.»

L’IRIS considère également que l’augmentation du salaire minimum à 15,25 $, annoncée le 1er mai dernier, est insuffisante pour que les gens puissent vivre hors de la pauvreté. La recherche a établi qu’une «personne seule habitant à Montréal et travaillant à temps plein au salaire minimum parvient tout juste à couvrir ses besoins de base et touche un revenu qui équivaut à seulement 78% du revenu viable». L’IRIS propose donc un taux horaire plus élevé.

«Pour faire en sorte que “travailler” ne rime plus avec “pauvreté”, il faudrait un salaire minimum à au moins 20 $ l’heure. Alors que le gouvernement consulte pour la prochaine édition du plan d’action requis par la Loi visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale, les constats contenus dans l’édition 2023 du revenu viable indiquent les chemins à emprunter vers un Québec sans pauvreté», conclut Eve-Lyne Couturier.

Le revenu viable est une somme disponible après impôt qui permet à la population de vivre dignement hors de la pauvreté. Il calcule ainsi un panier de biens et services donnant accès à une vie agréable au-delà des simples besoins de base. L’IRIS travaille sur ce seuil depuis 2015.

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