Quelques milliers de travailleurs ont manifesté en fin d’après-midi à l’occasion de la journée internationale des travailleurs. C’est dans un contexte d’inflation que les organisateurs de la marche, la Coalition du premier mai, ont convié les travailleurs à marcher dans Verdun, quartier historique pour le mouvement ouvrier.
Le slogan de la coalition «on ne profite pas de l’inflation, nous!» reflète la problématique principale minant les conditions de vie des travailleurs selon la Coalition, soit l’augmentation du coût de la vie. «Le logement, l’alimentation et les transports» sont les chevaux de bataille du groupe réunissant différentes organisations syndicales et communautaires.
Le 1er mai est d’une importance historique pour les mouvements syndicaux et travailleurs. Ce jour-là, en 1886, à Chicago naissait un mouvement de grève réunissant des centaines de milliers de militants réclamant la journée de travail de huit heures. De nombreux grévistes et policiers meurent lors des rassemblements et des procès s’en suivent.
La manifestation était annoncée pour 17h30, mais les manifestants affluaient déjà vers le parc du Souvenir vers 16h30. Ils se sont mis en marche vers 18h, à la suite de discours des deux porte-parole, Catherine Beauvais-Saint-Pierre, de l’Alliance des professeures et professeurs de Montréal, et Jérémie Dhavernas, du Mouvement Action-Chômage.
La militante Iranienne Nima Machouf a également livré un discours à la foule, réitérant l’importance de la convergence des luttes des travailleurs. Représentante des travailleurs iraniens, elle a soulevé les difficultés avec lesquelles sont aux prises les travailleurs de son pays d’origine, soit notamment «la pauvreté, le chaumage, la mauvaise gestion des finances de l’état et les salaires dérisoires».
Les revendications des travailleurs iraniens «ne sont pas différentes de celles d’ici», a-t-elle lancé à la foule. «Faire front commun est la seule option pour les travailleurs».
Un contingent anticapitaliste s’est joint à cette marche et organisait une seconde manifestation.
Une revendication vieille de 6 ans
Le ministre du Travail du Québec, Jean Boulet, annonçait d’ailleurs aujourd’hui l’augmentation d’un dollar du salaire minimum. Pour les employés touchant un pourboire, le taux horaire minimum montera à 12,50$. Cette décision permet, selon le ministère du Travail, «au taux général du salaire minimum d’atteindre le seuil de 50 % du salaire moyen au Québec».
«On n’est pas contre la vertu», réagit Jérémie Dhavernas, qui souligne toutefois que le salaire minimum augmente à chaque 1er mai, et que la demande de la hausse du salaire minimum à 15$/heure est mise sur la table depuis 2017.
«Les revendications communautaires et syndicales demandent généralement 18$» à l’heure actuelle, signale-t-il.
Alors que le ministre qualifie cette hausse d’historique, la porte-parole de Québec Solidaire (QS), Manon Massé, rétorque que l’augmentation est insuffisante. «Ce qui est historique, c’est qu’il a fait un bond d’une piastre. Parce que les autres fois, il faisait juste des 40 cents pis des 20 cents.»
Québec Solidaire était le seul parti ayant des élus à l’Assemblée nationale visible sur les lieux.
Le ministre Jean Boulet a réitéré son «soutien à l’ensemble des Québécois et Québécoises qui doivent faire face à l’inflation». Il a rappelé le «montant de 500$ versé au printemps 2022» ainsi que les baisses d’impôts et le «Crédit d’impôt attribuant un montant ponctuel pour pallier la hausse du coût de la vie».
«Ce qu’on voit, c’est que ce sont les mieux nantis qui sont gagnant dans tout ça», critique la porte-parole Catherine Beauvais-Saint-Pierre. Elle souligne que les impôts servent à financer les services publics et communautaires.
Aller couper dans les impôts comme ça c’est aller couper dans l’argent pour ces services-là donc on voit que c’est une volonté davantage de faire plaisir à la population dans l’immédiat. Dans les faits, on ne rend pas service à beaucoup de monde en faisant ces coupures.
Catherine Beauvais-Saint-Pierre, porte-parole de la Coalition du 1er mai.
Deux manifestations
Un contingent anticapitaliste a joint la manifestation. Cette marche parallèle à celle de la Coalition était organisée par la Convergence des luttes anticapitalistes (CLAC) de Montréal.
Tout en étant dans la manifestation, en étant solidaire et en marchant ensemble, on veut souligner qu’on a notre propre vision de comment [le processus] d’émancipation des travailleurs peut avoir lieu.
Manifestant se joignant au contingent de la CLAC et à la seconde manifestation.
Sans parler pour l’ensemble des personnes adhérant à la CLAC, un manifestant désirant rester anonyme a expliqué à Métro que l’émancipation des travailleurs ne peut être que l’œuvre des personnes concernées, s’organisant ensemble en tant que force autonome.
Vers 20h19, le Service de police de la Ville de Montréal annonçait avoir eu à disperser des manifestants dans le secteur des rues Saint-Jacques et Atwater. Selon la CLAC, les policiers ont agit «de manière brutale».
Il n’y aurait pas eu d’infraction majeure, la manifestation s’étant déroulée dans le calme avec les syndicats. Au début de la marche anticapitaliste, «les policiers se sont mis à matraquer des manifestants, à tirer des balles de caoutchouc au niveau du corps dans la foule, à tirer des balles de gaz directement sur les manifestants et à utiliser du poivre de cayenne sur des personnes blessées au sol.»
Au moment où ces lignes sont écrites, Métro attendait toujours un retour du SPVM à ce sujet.