Des allégations sur son implication dans la vente de RONA à des intérêts américains en février, forcent l’actuel ministre des Transports et député de Verdun, Jacques Daoust, à quitter la vie politique.
«Je tiens dans un premier temps à réitérer qu’en tout moment j’ai toujours dit la vérité, et mes déclarations dans le dossier de la vente des actions de RONA ont été rigoureusement exactes. Je n’avais pas été informé de l’intention des administrateurs de vendre la participation d’Investissement Québec (IQ) dans RONA», a-t-il laissé savoir dans la lettre expliquant sa décision.
Un échange de courriels révélé par TVA démontrerait que son chef de cabinet, Pierre Ouellet, aurait donné le feu vert à la liquidation des actifs de l’entreprise de rénovation québécoise au géant Lowe’s. Le vice-président d’IQ aurait demandé à M. Ouellet si le ministère de l’Économie était «en accord avec cette vente», ce à quoi il aurait répondu «OK» après un délai de quelques heures.
Confiance
Ces informations ont poussé le premier ministre Philippe Couillard à exiger des «réponses sérieuses à des questions sérieuses» vendredi matin. Au début de l’été, M. Couillard avait pourtant défendu son ministre. Il semble que la confiance n’y était plus.
Force est de constater que, bien que je n’aie quoi que ce soit à me reprocher, le dossier concernant les actions de RONA est devenu une distraction qui porte ombrage à la réalisation du plan de notre gouvernement» – J. Daoust
Force est de constater que, bien que je n’aie quoi que ce soit à me reprocher, le dossier concernant les actions de RONA est devenu une distraction qui porte ombrage à la réalisation du plan de notre gouvernement», peut-on lire dans la missive de M. Daoust.
Une commission parlementaire spéciale sur la vente de RONA doit s’ouvrir jeudi prochain à Québec. Malgré la demande pressante des partis d’opposition, ni le ministre Daoust ni son chef de cabinet n’y témoigneront, le gouvernement ayant usé de son veto pour qu’ils ne soient pas convoqués.
À la lumière des derniers développements, le leader parlementaire de la Coalition avenir Québec, François Bonnardel, juge essentielle leur comparution.
«Le premier ministre doit se rendre à l’évidence et permettre aux Québécois d’obtenir toutes les réponses à leurs questions. Toute la lumière doit être faite et cela passe nécessairement par le passage en commission des deux principaux concernés», conclut-il.
Perte pour Verdun
Le maire de l’arrondissement de Verdun, Jean-François Parenteau, ne doute pas pour sa part de l’intégrité de son ancien député.
«L’avenir nous dira s’il est coupable. C’est une grande perte pour Verdun, car c’était un député très impliqué dans sa circonscription», a-t-il mentionné.
Président et chef de la direction d’IQ de 2006 à 2013, Jacques Daoust a été élu pour la première fois à Verdun, aux élections générales du 7 avril 2014. Il a alors été nommé ministre de l’Économie, de l’Innovation et des Exportations.
Au remaniement de janvier, il a hérité des rênes des Transports.
À la suite de sa démission, le premier ministre Couillard a salué son travail par voie de communiqué.
«Je tiens à remercier M. Daoust pour avoir servi l’État avec conviction dans les dix dernières années. Il faut saluer son dévouement et sa contribution à l’économie du Québec», a-t-il mentionné, en ajoutant que la conclusion du partenariat de la CSeries avec Bombardier, dont il a été responsable, était parmi plusieurs projets structurants pour le Québec auxquels il avait participé.
Le premier ministre devra déclencher sous peu une élection partielle dans ce fief libéral. Elle s’ajoutera à celles dans les circonscriptions de Saint-Jérôme et Marie-Victorin en raison des départs des péquistes Pierre Karl Péladeau et Bernard Drainville, ainsi que dans Arthabaska à la suite du décès de Sylvie Roy.