Une page d’histoire s’est tournée mercredi matin à l’Office nationale du film (ONF), avec le retrait de son emblématique logo de l’édifice actuel, sur le chemin de la Côte-de-Liesse, en vue du déménagement des bureaux de l’organisme à l’îlot Balmoral, l’automne prochain.
«C’est très émouvant, beaucoup plus que je ne l’anticipais», avoue le commissaire de l’ONF, Claude Jolicoeur, en entrevue avec Métro. C’est plus qu’un logo, c’est un symbole, un ancrage, un pilier qui a une vraie portée sur les gens d’ici et d’ailleurs, qui le voient sans arrêt dans nos films depuis que notre plateforme existe.»
L’effigie actuelle de l’Office sera relocalisée dans le nouveau bâtiment du centre-ville, où elle sera entreposée et rendue accessible, pendant qu’un nouveau logo décorera la façade à l’îlot Balmoral. «Il deviendra en quelque sorte un artéfact qui demeurera pour les prochaines décennies», poursuit le commissaire.
La nouvelle maison de l’ONF, située en plein cœur du Quartier des spectacles, est une signature architecturale qui parle d’elle-même, croit M. Jolicoeur.
«Ça représente bien toute la force de la création qu’on a. Ça nous permet aussi d’être plus proches du public, des créateurs. On va être à l’image de ce qu’on est, et ça démontre qu’on est là pour rester.» -Claude Jolicoeur, sur le déménagement des locaux de l’ONF
Au-delà de la symbolique, l’actuel immeuble habitant les 250 employés de l’organisation culturelle ne répondait plus aux besoins de celle-ci, d’après lui. «On a déjà eu 1000 employés qui travaillaient ici, mais ce n’est plus le cas, c’est aujourd’hui inadapté à nos besoins, poursuit le commissaire. C’est sûr qu’il y a cette émotion de quitter – tous les miracles se sont faits ici – mais je suis certain qu’on va recréer au centre-ville la magie des lieux.»
Voilà maintenant plus de 10 ans que l’ONF travaille sur son futur déménagement ; du montage financier jusqu’aux enjeux de logistique, «ce sont des années d’efforts», illustre Claude Jolicoeur. «La diversité de la création, l’innovation, la multitude de points de vue qui font place aux jeunes, aux femmes, aux Autochtones, bref, des créateurs de tous les horizons, ça va continuer», témoigne-t-il.
«On est un hub de création qui permet d’attirer des talents sans contraintes, et c’est une fierté qu’on conserve dans tout ce qu’on fait à travers le pays», ajoute-t-il, non sans émotions.
L’homme visionnaire
«L’homme qui voit, l’homme visionnaire, l’homme animé : voilà comment on peut décrire le logo de l’ONF, créé en 1968», a lancé le conservateur Marc Saint-Pierre, lors d’allocutions tenues en marge de l’événement.
Celui qui a vu plus de 5000 films pour le compte de l’Office depuis plus de 20 ans souligne que l’effigie rappelle aussi la force de l’art autochtone. «C’est assez remarquable, a-t-il déclaré. On parle quand même de la fin des années 60. Dans une époque où on portait peu d’attention à la contribution des Autochtones, c’est intéressant d’avoir souligné cet apport.»
Alain Beaupré, le fils du créateur du logo Georges Beaupré, s’est quant à lui remémoré l’époque et le contexte de création du logo.
«Ça s’est fait à une époque de la gloire de Montréal, avec l’Expo 67, la préparation de la candidature olympique, sur un fond de Révolution tranquille également. Ce logo-là a vécu plus longtemps que plusieurs d’entre nous, et plus longtemps que son créateur : mon père, mon ami.» -Alain Beaupré, sur le contexte de création du logo de l’ONF
«Si on m’avait dit à l’époque que dans ce futur lointain, l’aventure se poursuivrait encore à l’ONF, j’avoue que j’aurais eu un doute, a-t-il renchéri. Comme quoi, souvent, la réalité dépasse nos meilleures prédictions.»
Aujourd’hui cinquantenaire – il a été créé en 1968 – l’emblématique logo de l’ONF bouge pour le mieux, croit le fils de son fondateur, qui dit souhaiter que «l’aventure se poursuive». «Longue vie à l’ONF dans la réalité, et longue vie à ce logo dans nos cœurs», a-t-il affirmé, provoquant applaudissements et sourires dans la foule qui était réunie sur place.