Le milieu communautaire de Pointe-Saint-Charles somme l’administration Plante de préserver les terrains fédéraux du bassin Peel. Il faudrait plutôt en faire des projets «d’intérêt collectif», notamment en matière de logement. La construction d’un stade de baseball, projetée dans le secteur, fermerait cette fenêtre d’opportunité pour plusieurs années, juge un organisme.
«Au vu des grands besoins des ménages locataires et des familles dans la métropole, on pense que c’est une occasion intéressante de conserver ces terrains sous le giron public», explique à Métro la porte-parole d’Action-Gardien, Karine Triollet. Son groupe a présenté sa vision pour le secteur Bridge-Bonaventure, devant l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM) lundi.
Pareille décision «permettrait également de soustraire plus de logements à la spéculation et au type de développement qu’on voit dans les quartiers centraux», illustre-t-elle.
«En plus des logements qu’on demande, on voit aussi une opportunité d’implanter des services qui font défaut dans notre quartier.» -Karine Triollet, porte-parole d’Action-Gardien
L’exemple le plus frappant: le quartier de Pointe-Saint-Charles n’a aucune école secondaire.
«Nos enfants sont répartis dans une quarantaine d’écoles différentes sur l’île, avec tous les impacts que ça peut avoir sur leur apprentissage», déplore-t-elle.
Sur les terrains du bassin Peel, Action-Gardien envisage aussi la construction d’une maison de la culture ou d’infrastructures aquatiques extérieures pour le bien-être de la population. Autant de projets «qui ne sont pas compatibles avec un stade de baseball, ni l’expansion de Griffintown», soutient la responsable.
Au-delà du bassin Peel, un boulevard urbain
Dans sa forme actuelle, le projet de transformation de l’autoroute Bonaventure en boulevard urbain ne prend pas non plus en compte la volonté de la population, juge l’organisme.
«L’autoroute doit être déplacée plus au nord du Parc des entreprises pour reconnecter directement avec le pont Victoria», insiste Mme Triollet.
Selon son groupe, la mesure éliminerait une circulation de transit importante aux heures de pointe sur les rues Wellington et Bridge.
«À chaque jour, notre quartier est pris en otage par la circulation. On ne peut pas concevoir qu’en 2019, on reconfigure une infrastructure sans corriger une erreur des années 60», témoigne la porte-parole.
Un stade «vert»
Jeudi, lors de sa présentation devant l’OCPM, le président du Groupe de Montréal, Stephen Bronfman a vanté son projet de stade de baseball. Il l’a qualifié de «projet-rêve» sur lequel son équipe travaille depuis près de huit ans.
Le promoteur promet un projet «innovateur, communautaire et écoresponsable».
«On parle d’un projet vert. On ne veut pas faire un site avec du stationnement. Ça crée des îlots de chaleur et on ne veut pas ça», a-t-il indiqué.
«Le quartier s’étend sur 2,3 kilomètres. Si c’est bien fait, ce sera fait pour les prochaines 100 années.» -Stephen Bronfman, promoteur immobilier
M. Bronfman veut intégrer des «technologies innovatrices», dont la réutilisation de l’eau de pluie et le chauffage géothermique.
Si aucune station du métro ne dessert le quartier de Pointe-Saint-Charles, une association similaire entre la Société de transport de Montréal (STM) et les Alouettes de Montréal – dont le stade Percival-Molson est aussi très mal desservi – pourrait voir le jour, soutient l’homme d’affaires.
Le dépôt en ligne des mémoires des organismes pour la consultation Bridge-Bonaventure commencera ce mardi.