La flambée de l’immobilier se poursuit à Montréal, et l’augmentation de la valeur des propriétés est fortement propulsée par le développement de l’Est. Cette situation pourrait avoir des conséquences sur les loyers des locataires.
Au dernier trimestre de 2019, Montréal a connu sa plus forte hausse de la valeur des propriétés en près de 10 ans, avec une augmentation moyenne de plus de 6,3% par rapport à la même période l’année précédente. C’est ce que constate l’agence Royal LePage dans un rapport rendu public jeudi.
Cette hausse a atteint 7,3% dans les quartiers centraux de la métropole, où le prix moyen d’une propriété dépasse maintenant 556 000$. C’est toutefois dans l’Est de Montréal que l’augmentation de l’immobilier a été la plus marquée, avec une croissance de 8,7% entre la fin de 2018 et de la fin de 2019.
Ainsi, le prix médian des propriétés dans ce secteur a augmenté de près de 38 000$ en un an pour atteindre environ 472 000$, souligne l’agence.
«Il y a une pénurie de logements dans toute l’île de Montréal, c’est pour ça que les prix augmentent aussi vite.» -Dominic St-Pierre, directeur général de Royal LePage pour le Québec
Entreprises
L’attrait des acheteurs pour l’Est peut être associé au fait que de plus en plus d’entreprises décident de s’installer dans ce secteur, souligne le directeur général de Royal LePage pour le Québec, Dominic St-Pierre. Une usine pilote de recyclage des batteries lithium-ion amorcera notamment ses activités aux abords du Golf d’Anjou l’an prochain.
Le taux d’inoccupation des espaces industriels dans ce secteur est d’ailleurs passé de 10,2% en 2013 à 2,5% en 2018, selon des données de la Chambre de commerce de l’Est de Montréal.
«Il y a davantage d’entreprises qui se sont implantées dans l’est, ce qui crée des emplois. Ça rend donc plus intéressant de vivre dans l’Est parce que plus de personnes y travaillent», analyse sa PDG, Christine Fréchette. Cette dernière a notamment souligné le développement du secteur de l’Assomption-Sud–Longue-Pointe, où l’aménagement d’un écoparc industriel est prévu.
«Le fait qu’il y ait eu des initiatives dans le transport en commun, ça a définitivement joué un rôle sur l’attrait des acheteurs pour l’Est de Montréal», ajoute M. St-Pierre. En plus du prolongement de la ligne bleue du métro de Saint-Michel à Anjou, le gouvernement Legault s’est engagé à étudier la possibilité d’implanter un mode de transport structurant, comme un tramway, sur la rue Notre-Dame, du centre-ville à la pointe de l’île.
«Le développement du transport collectif, ça donne de la valeur aux secteurs concernés. Ça permet de faciliter les déplacements vers le lieu de travail», note Mme Fréchette.
Locataires affectés
L’organisateur communautaire d’Infologis, le comité logement de l’est de l’île, craint les répercussions que ce boom immobilier pourrait avoir sur la hausse des prix des loyers dans le secteur.
«On est inquiets dans la mesure où, s’il y a une hausse importante de la valeur marchande des propriétés, les locataires vont en subir les conséquences», laisse tomber Simon Dumais en entrevue à Métro.
Des données compilées par l’organisme, basées notamment sur celles de la Société canadienne d’hypothèques et de logement, font état de taux d’inoccupation des logements locatifs très bas un peu partout dans le secteur. C’est notamment le cas de Mercier-Est, où à peine 0,9% des logements étaient disponibles en 2018, selon ces informations.
«Le nombre de personnes qui nous appellent parce qu’ils peinent à trouver un logement est important. […] Il y a des besoins assez criants», ajoute M. Dumais.
Ce dernier presse le gouvernement Legault de financer la construction de nouveaux logements sociaux dans l’Est, le marché privé n’étant pas capable, selon lui, de répondre aux besoins des locataires.
Mme Fréchette, pour sa part, souligne que l’Est de l’île demeure le secteur le plus abordable dans l’agglomération montréalaise.
«On demeure une zone relativement accessible, notamment pour les familles», rappelle-t-elle.