Montréal

Royalmount: mobilisation pour un tramway électrique dans le secteur Namur-De la Savane

De gauche à droite: Sue Montgomery, Philippe Roy, Lysandre Routhier-Potvin, Ammar Mahimwalla, Francesco Miele et Mitchell Brownstein

Les maires de deux villes et de deux arrondissements situés aux abords du boulevard Décarie s’unissent pour réclamer des «solutions de mobilité» dans le secteur Namur–De La Savane, qui comprend notamment le mégaprojet Royalmount et le terrain de l’ancien hippodrome Blue Bonnets. Les élus appuient un modèle de tramway électrique proposé par des étudiants de l’Université McGill.

Un comité «mixte» sera créé pour exiger des engagements financiers des gouvernements, mais aussi des promoteurs, en matière de transport collectif. Le maire de Côte Saint-Luc, Mitchell Brownstein, le maire de Ville Mont-Royal, Philippe Roy, le maire de Saint-Laurent, Alan DeSousa et la mairesse de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce (CDN-NDG), Sue Montgomery, en feront partie.

Le développement du secteur Namur–De La Savane fait l’objet d’une consultation publique à l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM).

«Si la mobilité d’un développement quelconque est réduite dans son implantation, c’est un projet avec un handicap», explique à Métro le conseiller de Saint-Laurent, Francesco Miele, en pointant vers le Royalmount.

Le fait que le promoteur du Royalmount, Carbonleo, veuille intégrer du résidentiel au projet est certes bienvenue selon lui. Mais des nuances s’imposent. «Le plus gros enjeu, c’est que ce ne soit pas seulement qu’un pôle d’emploi. On sait qu’à peine 17% des travailleurs utilisent du transport en commun. On est satisfaits que le Royalmount évolue, et devienne plus urbain, mais il faut considérer l’achalandage que ça va amener», renchérit M. Miele.

Un «tramway électrique» près du Royalmount

Leur plaidoyer est appuyé par une proposition des étudiants de l’École d’urbanisme de l’Université McGill. Dans un rapport déposé devant l’OCPM, vendredi, ils disent favoriser l’implantation d’un système de tramway «entièrement électrique» et très performant.

L’objectif serait de prolonger le boulevard Cavendish vers le sud et vers le nord pour rejoindre autant Saint-Laurent que Côte Saint-Luc. Le système desservirait ainsi l’axe Côte-de-Liesse, l’un des principaux pôles d’emploi dans les environs.

«C’est un tramway qui n’a pas de câbles aériens et dont les rails sont beaucoup plus petits qu’un tramway standard, explique à Métro l’une des auteures du rapport intitulé OROBORO, Lysandre Routhier-Potvin. Ce serait beaucoup moins coûteux comme l’intervention se fait en surface. Et ça viendrait attirer une population qui ne prend pas nécessairement l’autobus.»

Jusqu’à 600 M$ nécessaires

D’après le groupe étudiant, le projet demanderait des investissements d’environ 20M$ par kilomètre. Son coût global serait d’environ 600M$.

«On voit l’extension du boulevard Cavendish comme une occasion de remettre enfin le transport collectif au centre du secteur, en y dédiant une ligne pour le tramway.» -Lysandre Routhier-Potvin

Ammar Mahimwalla, aussi membre du comité de l’École d’urbanisme de McGill, abonde dans le même sens. «Le futur du tramway est dans l’électrique, et sans rails. Notre modèle est environ 30% moins cher que les technologies existantes» au Québec, avance-t-il.

Le duo d’étudiants se base sur des modèles probants qui fonctionnent déjà très bien à travers le globe, dont le tramway «trackless» qui est opéré dans la province de Hunan, en Chine. «On ne sait pas encore s’il serait complètement adapté à l’hiver québécois. Il faudra faire des tests avant de l’implanter», nuance Lysandre Routhier-Potvin.

Elle affirme que les difficultés que traverse la Ville d’Ottawa avec son train léger en saison hivernale devra servir de leçons pour Montréal.

«Saint-Jérôme» à déménager

La croissance démographique envisagée aux abords du boulevard Décarie appelle à des actions rapides, d’après le maire de Ville Mont-Royal, Philippe Roy.

«D’ici 10 ou 15 ans, ce sont 50 000 personnes supplémentaires qui vont habiter dans nos quatre arrondissements. C’est un Saint-Jérôme qui déménage ici. C’est énorme, d’où l’importance de penser à autre chose que de rajouter des voies routières.» -Philippe Roy

Même son de cloche pour la mairesse de CDN-NDG, Sue Montgomery. «Je pense que si on travaille tous ensemble, avec Montréal, Québec et Ottawa, on peut trouver des solutions. Si les promoteurs veulent que leur projet connaisse du succès, ça prend du transport. Sinon, les gens ne viendront pas», martèle-t-elle.

Une lettre formelle sera envoyée à tous les paliers de gouvernement et à plusieurs «acteurs-clés» du secteur privé dans les prochains jours, a assuré le maire de Côte Saint-Luc, Mitchell Brownstein. «C’est un moment historique. On a l’occasion de développer en axant sur le transport en commun», conclut-il.

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