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Royalmount: «tout est mis en œuvre» pour réduire les GES, dit Carbonleo devant l’OCPM

Royalmount, dans Ville Mont-Royal
Le chantier du projet Royalmount, dans Ville Mont-Royal, est sur pause. Photo: Pablo Ortiz/Métro

Alors que Carbonleo assure «tout mettre en œuvre» à l’heure actuelle pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre (GES) de son complexe multifonctionnel Royalmount, une nouvelle mobilisation s’organise contre le mégaprojet. Si le promoteur soutient qu’il pourra parvenir à une «réduction de 10 000 tonnes de CO2» annuellement en intégrant du résidentiel, des organismes rétorquent que ces chiffres n’accotent en rien la pollution qui sera engendrée.

«L’ajout d’une fonction résidentielle à Royalmount contribuerait à garder les gens sur l’île et en retirer une partie du réseau routier, explique à Métro le VP de Carbonleo, Claude Marcotte. Le processus de changement de zonage suit son cours. Les élus de la Ville de Mont-Royal se prononceront après avoir complété l’étude du dossier.»

Son groupe présentait jeudi soir ses objectifs devant l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM), qui entend actuellement les intérêts de plusieurs organismes en vue du développement du secteur Namur-Hippodrome, dans l’ouest de l’île.

Un projet «carboneutre»

Dans le mémoire remis à l’OCPM dont Métro a obtenu copie, Carbonleo affirme que «si les gens vivent dans un quartier où ils travaillent et se divertissent, leurs déplacements s’en trouveront grandement diminués». L’ajout «d’éléments de développement durable», dont la nature n’a pas été précisée, serait au cœur de la réduction des GES envisagée. À terme, Royalmount pourrait être «carboneutre», argue-t-on.

D’après M. Marcotte, le Royalmount et le développement de Namur-Hippodrome partagent «les mêmes défis en matière de mobilité». Un point de vue qui s’oppose radicalement à celui de la Ville de Montréal. La mairesse Valérie Plante estime effectivement que le projet de quartier carboneutre et vert, projeté dans le secteur, pourrait être décrit comme «l’anti-Royalmount».

«Royalmount a évolué depuis sa présentation initiale.» -Claude Marcotte, VP de Carbonleo, disant vouloir développer un environnement «attrayant et bien desservi» par le transport actif pour lutter contre l’étalement urbain.

L’entreprise dévoilera d’ici la fin février une nouvelle mouture de son projet, laquelle fera «écho aux idées, commentaires et opinions recueillis en 2019», promet-on. «Nous voulons faire de Royalmount un projet écoresponsable, de la conception à la construction jusqu’à son opération», lit-on dans le rapport.

Mobilisation contre Royalmount

Appelé à réagir, le porte-parole de l’organisme Royalement contre Royalmount, Pierre Avignon, n’en revient pas de «l’hypocrisie» de Carbonleo.

«On parle de 10 000 tonnes de CO2, mais c’est une baisse par rapport à la pollution totale du projet qu’ils vont déjà provoquer eux-mêmes. Le chiffre n’est pas non plus indépendant. Ça prend un acteur externe pour évaluer tout ça», lâche-t-il.

Le regroupement citoyen organise jeudi prochain une réaction médiatique pour s’opposer à la vision «contre-productive» du rapport de Carbonleo. D’après M. Avignon, plusieurs partis d’opposition à l’Assemblée nationale y seront.

Une manifestation aura aussi lieu en mars prochain pour sommer Québec de bloquer le projet.

«Nous demandons au ministre de l’Environnement [Benoit Charette] d’investiguer en profondeur. Il a un pouvoir d’enquête, en vertu de la loi. Qu’il nous dise précisément à quel point ce projet est polluant.» -Pierre Avignon, porte-parole de Royalement contre Royalmount

Des contrastes apparents?

Les données qu’avance le promoteur contrastent avec plusieurs rapports d’experts. Notamment celui de l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS). Ce dernier soutient que l’augmentation de la congestion routière aux abords du Royalmount ajoutera près de 16 000 tonnes de CO2. Soit l’équivalent de la moyenne annuelle des GES produits par 1040 Canadiens.

Au Conseil régional de l’environnement de Montréal (CRE-MTL), le responsable des dossiers transport, Blaise Rémillard, abonde dans le même sens.

«C’est l’équivalent de faire une économie sur un achat dont on n’a pas besoin, explique-t-il. C’est comme un Hummer électrique. Certes, on développe des dispositifs environnementaux. Mais le projet en lui-même va amener plus de congestion, alors que le secteur est déjà saturé.»

Même si Québec refuse d’imposer un moratoire pour le moment, le CRE-MTL «n’est pas encore prêt à accepter que ce projet-là se réalise», dit M. Rémillard. «Il n’y a pas de meilleur moyen de propulser un développement pareil. Un centre d’achat, ça ne répond aucunement aux besoins de la communauté», conclut-il.

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