Le nombre de postes de quartier du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) est en voie de diminuer alors que plusieurs fusions sont à venir. Une situation qui inquiète plusieurs élus.
Lors d’un point de presse tenu in extremis mardi après-midi, l’inspecteur et chef de la division des communications du SPVM, André Durocher, a confirmé que les postes de quartier (PDQ) 9 et 11 seront intégrés d’ici l’automne prochain. Ainsi, le quartier Notre-Dame-de-Grâce perdra son PDQ en raison de son intégration avec celui de Côte-Saint-Luc, plus à l’ouest.
«Il n’y aura qu’une station [de police] avec tous les bureaux mis ensemble. Ce sera beaucoup plus efficace», a fait valoir M. Durocher. Il n’y aura aucune perte d’emplois dans ce processus, a-t-il précisé.
«On ne coupe pas de ressources. Ce qu’on fait, c’est qu’on intègre les postes 9 et 11 pour avoir une masse critique et ainsi mieux répondre aux besoins des citoyens», a-t-il dit.
Lors du point de presse, M. Durocher a évoqué des «raisons opérationnelles» – et non pas «financières» – pour justifier cette initiative. Il a toutefois concédé par la suite que le SPVM pourrait réaliser des économies grâce à cette fusion.
«Quand on fusionne deux postes et qu’on doit faire des aménagements, ça a des coûts. Mais on va récupérer ces coûts à long terme parce qu’on va sauver un loyer. Donc, on parle d’économies à long terme», a-t-il indiqué lorsque questionné par Métro.
«Au final, l’objectif, c’est que les officiers de police soient plus présents sur la route au lieu d’être dans un bâtiment.» -André Durocher
Vives critiques
Ces dernières semaines, le SPVM a tenu une rencontre avec des élus municipaux pour les informer de cette décision, qui a recueilli l’opposition de plusieurs d’entre eux.
En entrevue à Métro, mardi, le conseiller indépendant de Snowdon, Marvin Rotrand, a qualifié d’«injuste» que le SPVM ait pris cette décision «sans faire de consultations publiques». L’élu craint que les quelque 67 000 citoyens du quartier de Notre-Dame-de-Grâce n’aient plus aussi facilement accès aux forces de l’ordre.
«Actuellement, les gens peuvent marcher jusqu’à la station de police et les policiers sont connus dans leur petite communauté», souligne M. Rotrand.
Le maire de Côte-Saint-Luc, Mitchell Brownstein, craint pour sa part que les policiers de son PDQ interviennent principalement à Notre-Dame-de-Grâce à la suite de cette fusion.
«Il y a plus de crimes à NDG, donc les policiers vont sortir de notre ville, affirme-t-il. Ça va affecter la sécurité dans notre ville, c’est sûr.»
Interpellée par Métro, la mairesse de Côte-des-Neiges–Notre-Dame, Sue Montgomery, s’est également dite «déçue» par cette décision du SPVM.
«Il est important de tout faire pour que les victimes d’actes criminels se sentent à l’aise de chercher de l’aide, à proximité de leur chez soi», a-t-elle souligné par courriel. Elle note que les policiers du PDQ de son quartier «travaillent fort» afin de «forger des liens de confiance» avec la population de Notre-Dame-de-Grâce, «surtout avec les nouveaux arrivants».
«Je travaille avec mes collègues et les résidents de notre quartier sur les prochaines étapes», ajoute-t-elle.
Centralisation au SPVM
Cette intégration de deux postes de quartier est loin d’être la première à survenir. De 49 PDQ, en 1995, le SPVM n’en compte plus que 31 actuellement.
La plus récente fusion a été complétée en janvier 2019 avec l’intégration du PDQ 24, qui couvrait Outremont et Mont-Royal, au PDQ 26, situé sur l’avenue Mountain Sights.
«On va en avoir d’autres parce qu’on regarde constamment comment être plus efficace. Il va y en avoir d’autres, peut-être cette année ou l’an prochain», précise M. Durocher.
Appelée à réagir, la responsable de la sécurité publique à la Ville, Rosannie Filato, estime que la voie prise par le SPVM permettra de «prioriser les services directs rendus aux citoyens».
«Nous croyons en une police de proximité et les intégrations de postes de quartier sont un moyen d’avoir plus d’effectifs sur le terrain, à pied, en patrouille ou à vélo», a-t-elle indiqué par écrit.