La mairesse Valérie Plante a rencontré mercredi la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation Andrée Laforest, moins de 24 heures après le dépôt du budget provincial qui l’a laissée «déçue» et «préoccupée» par l’absence de fonds pour des nouveaux projets de logement abordable à Montréal. Pendant ce temps, des organismes se mobilisent déjà pour faire pression sur le gouvernement Legault.
«Aujourd’hui, j’ai l’impression qu’on en demande beaucoup aux municipalités et pour Montréal, c’est lourd. On va aller jaser de tout ça à Québec, avec ma collègue la ministre Andrée Laforest», a expliqué la chef de Projet Montréal, pendant une séance du comité exécutif en matinée.
En plus des investissements en habitation – 23 000 ménages sont en attente d’un logement social dans la métropole – Mme Plante entend aussi aborder la question du projet de loi 40. Celui-ci continue de «mettre une pression sur les villes afin de trouver des sommes nécessaires pour les terrains des écoles», dénonce la mairesse Valérie Plante.
La Ville demandait 420 M$ pour financer dans l’«urgence» la crise du logement qui sévit dans la métropole, un des sujets qui seront abordés par Mmes Plante et Laforest. Mais Montréal n’en recevra finalement que 58 M$, via le programme Accès-Logis que Québec finance à hauteur de 150 M$ dans la province.
Mardi, la mairesse s’est montrée «inquiète» quant à l’atteinte des 12 000 logements sociaux d’ici 2021, achevés à 52% pour le moment. «Ça m’inquiète. Cet objectif, on ne l’a pas sorti de notre chapeau. C’est basé sur des besoins historiques qui n’ont pas été remplis au fil des années», déplore-t-elle. Dans les six prochaines années, Québec versera 150 M$ au programme Accès-Logis. La Ville touchera techniquement 58 M$ du programme. Valérie Plante demandait 100 M$.
Mutisme sur l’accès à la propriété
Pour le vice-président à l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ), François Bernier, le budget Girard est carrément «muet» sur la question de l’accès à la propriété.
«On ne travaille pas du tout sur cet enjeu, alors qu’il y a un blocage important, surtout chez les jeunes étant donné la flambée des prix, martèle-t-il. C’est extrêmement difficile. Comme il n’y a pas d’actions, le marché locatif est de plus en plus en saturation. C’est dommage, parce qu’on a une occasion de créer de la richesse, de donner une autonomie à plus long terme aux ménages.»
«On va être durement frappé par la crise, en juillet, si on ne travaille pas davantage sur l’accès à la propriété.» -François Bernier, vice-président de l’APCHQ
Le responsable dénonce que plusieurs mesures concrètes sont pourtant à la disposition du gouvernement pour favoriser l’accès au logement, dont l’augmentation du remboursement de la TVQ ou les droits de mutation. «En Ontario, ils ont un programme qui rembourse jusqu’à 4000$ des droits de mutation. Ici, au Québec, on les augmente. C’est un non-sens», résume-t-il.
M. Bernier avoue voir une «contradiction» dans le fait que la CAQ investisse en transports actifs, mais qu’elle néglige le logement. «Autour du REM, par exemple, il y a des taxes additionnelles s’appliquant aux constructions. On peut alors se demander si ça attire vraiment la clientèle, ou si ça l’oblige à faire des choix. Le défi, c’est de réussir la densification tout en luttant contre l’étalement urbain», observe-t-il.
Une urgence «pas comprise» pour le logement
Au Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ), la porte-parole Marjolaine Deneault abonde dans le même sens.
«Les élus du gouvernement Legault ne comprennent pas du tout le problème généralisé qu’est la crise du logement, lance-t-elle. Si c’était le cas, on aurait implanté des mesures d’aide immédiates pour le 1er juillet. Mais non, il risque d’avoir encore plus de personnes à la rue.»
Mme Deneault somme Québec, qui dispose d’importants surplus, de débloquer des sommes pour le programme de suppléments au loyer. En subventionnant les propriétaires, celui-ci viendrait ainsi soutenir les ménages qui n’arrivent pas à payer pour un logement sur le marché privé.
«C’est une solution d’urgence qui peut être amenée rapidement, et aider concrètement», dit-elle.
-Avec la collaboration de Zacharie Goudreault/ Métro