Montréal

Des Montréalais appellent à une «grève du loyer» dès le 1er avril

Logement

Des locataires montréalais appellent à une «grève du loyer» dès le 1er avril. Face à un manque de revenus et de soutien des gouvernements, le regroupement spontané «Pas de logement, pas de quarantaine» menace de cesser massivement les paiements mensuels.

«La crise de la COVID-19 nous a tous mis dans le trouble. Certains d’entre nous sont à court d’argent, ou alors n’en ont plus beaucoup. On est plusieurs à en avoir juste assez pour vivre et à espérer que les choses aillent mieux», écrit le comité fondateur, composé de locataires du quartier Hochelaga-Maisonneuve, dans une missive diffusée mercredi.

Selon les membres du collectif, la fermeture des services «non-essentiels», dont font partie plusieurs commerces, a engendré d’importantes pertes de revenus pour plusieurs Montréalais.

«C’est de l’argent qui devrait servir à acheter de la nourriture. C’est de l’argent qui est nécessaire pour nous, pour nos familles. C’est cet argent qui nous permettra de faire face à l’insécurité.» -Extrait du document de grève

Les locataires ajoutent que si le fait de dépenser la majorité de son salaire pour se loger «n’a déjà aucun sens», il devient «criminel en temps de crise». «Ce qu’on veut, ce sont des mesures qui pourront vraiment aider les locataires. À commencer par le gel des loyers, dès le 1er avril et tant que la crise durera», tonnent-ils.

D’ailleurs, une pétition demandant l’annulation des paiements de loyer «pour la durée de la crise sanitaire actuelle» avait récolté près de 2000 signatures en fin de journée, mercredi.

Une tactique jugée dangereuse

Appelée à réagir, la porte-parole au Regroupement des comités logement et associations de locataires (RCLALQ), Marjolaine Deneault, lance un message à la prudence. En faisant, la grève, les locataires s’exposent à de graves conséquences, selon elle.

«On a peur des conséquences pour des locataires à faible revenu et vulnérables, qui peuvent aller jusqu’à l’éviction. Dans une audience pour non-paiement devant la Régie, il n’est pas possible d’évoquer de raisons.» -Marjolaine Deneault, porte-parole du RCLALQ

Mme Deneault invite les locataires à user de gros bon sens. «Tant qu’il n’y aura pas de mesures suffisantes de nos gouvernements pour protéger les locataires, la grève n’est pas un moyen d’action à privilégier, surtout en temps de pandémie», martèle-t-elle.

La Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ), de son côté, met en garde les locataires contre ces «messages de propagande véhiculés par des activistes». Le non-paiement du loyer «entraînerait de graves conséquences», prévient-on.

«Les propriétaires qui peuvent financièrement et qui veulent renoncer à un loyer, ils sont rares. C’est la réalité dans un Québec où 7 propriétaires sur 10 n’ont qu’un duplex ou un triplex. Ils comptent sur ce revenu pour vivre.» -Hans Brouillette, directeur de la CORPIQ

Des actions à prendre

Pour la coordonnatrice au Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), Véronique Laflamme, la solution se trouve dans les actions. Son groupe presse Ottawa de mettre sur pied «rapidement» un Fonds de dépannage pour les locataires, ainsi que des suppléments au loyer d’urgence. Le gouvernement Legault, quant à lui, devra interdire les évictions sur le long-terme.

«Il y a certes un moratoire en ce moment sur les évictions, mais ça se termine bientôt. Dès qu’il sera levé, les propriétaires vont pouvoir procéder. On craint énormément des évictions massives», insiste Véronique Laflamme.

«On comprend que les locataires soient très inquiets. Plusieurs ne pourront tout simplement pas payer leur loyer.» -Véronique Laflamme, coordonnatrice au FRAPRU

Environ 196 000 ménages locataires consacrent plus de 50% de leurs revenus au loyer actuellement.

Québec en appelle à l’indulgence

Mercredi après-midi, le premier ministre, François Legault, a quant à lui exhorté les propriétaires de logements d’être indulgents envers leurs locataires à l’aube du 1er avril. Québec suggère notamment de repousser la date du paiement.

«Nous leur demandons d’être compréhensifs. Évidemment, ceux qui sont en mesure de payer doivent continuer de le faire à la date convenue. C’est une situation exceptionnelle, et nous devons se serrer les coudes», affirme la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, Andrée Laforest.

Les chèques d’assurance-emploi fédéraux doivent arriver 5 jours après la date de tombée officielle du loyer.

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