Montréal

Commerçants: son propriétaire augmente son loyer de 40% en pleine pandémie

PME locaux vacants

Alors que la crise du coronavirus affecte gravement les commerçants, un restaurant n’a eu d’autre choix que de fermer ses portes cette semaine après avoir été confronté à une hausse importante de son loyer.

Le restaurant Comptoir 21 du Mile End, situé sur la rue Saint-Viateur Ouest, a fermé ses portes cette semaine. Le propriétaire du local commercial voulait imposer à son locataire une augmentation d’environ 1500$ de son loyer.

«Ça faisait 10 ans qu’on était ouvert. On était en renouvellement de bail et le propriétaire voulait augmenter notre loyer de 40%», confie à Métro le propriétaire du restaurant, David Asseraf. Ce dernier possède deux autres restaurants du même nom situés dans Verdun et sur le Plateau-Mont-Royal. 

«Ça aurait été beaucoup trop cher pour ce genre de petit restaurant. On n’a pas de grosses marges dans les restaurants. On travaille surtout pour se donner un salaire.» –David Asseraf, propriétaire des restaurants Comptoir 21

Les restaurants écopent

Cette hausse de loyer, que le restaurateur a tenté de contester par divers moyens, est venue s’ajouter aux répercussions de la crise du coronavirus sur ses finances.

Jeudi, un sondage de Restaurants Canada révélait qu’un restaurant indépendant sur deux au Québec pourrait fermer ses portes définitivement au cours des trois prochains mois. Une situation qui s’explique par la fermeture ordonnée des salle à manger, que plusieurs restaurants de la province peinent à compenser par les livraisons et les commandes à emporter.

«La crise du coronavirus est arrivée et on a décidé de mettre la clé sous la porte. Continuer à payer le loyer pendant quatre ou cinq mois pour moi, c’était impossible», indique M. Asseraf.

Selon un récent sondage menée par la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, plus du tiers de petites et moyennes entreprises craignent de devoir fermer leurs portes de façon permanente en raison de la crise sanitaire, qui a fait chuter drastiquement leurs ventes. C’est le cas de nombreux commerçants montréalais.

Aide au loyer des commerçants

Vendredi, le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a donné des détails additionnels concernant le programme d’aide au paiement des loyers commerciaux qu’Ottawa a mis en place. L’Aide d’urgence du Canada pour le loyer permettra ainsi aux petites entreprises de profiter d’une baisse de 75% de leur loyer pour les mois d’avril, mai et juin. 

Un programme sur lequel compte David Asseraf pour assurer la survie des deux succursales qui lui restent. «Si j’ai un loyer de 4000$ et que je n’ai qu’à payer 1000$, ça va aider», souligne-t-il. 

Ce programme comprend toutefois des restrictions. Ainsi, seules les entreprises qui ont subi des baisses de revenus de plus de 70% et qui ont un loyer mensuel de moins de 50 000$ pourront en bénéficier.

«Il faudra voir si le critère de [la baisse de] 70% des revenus est efficace. Si on est capables de conserver une rentabilité de 40% pour garder la tête hors de l’eau, on n’est quand même pas capables de continuer comme ça pendant plusieurs mois», analyse le président de l’Association des sociétés de développement commercial de Montréal, Billy Walsh. 

Ce dernier craint donc que de nombreux commerçants ne puissent bénéficier de ce programme, «alors qu’ils devraient y avoir droit pour les efforts qu’ils font pour survivre».

Consultation sur les locaux vacants

La Commission sur le développement économique et urbain et l’habitation dévoilera le 7 mai les recommandations qu’elle a tirées au terme de la consultation publique sur les locaux commerciaux vacants menée en début d’année. Celles-ci aideront la Ville de Montréal à déterminer quelles mesures elle devra mettre en place pour faire face à cet enjeu.

«Le problème des locaux vacants va être encore plus criant après la crise de la COVID-19», soulève Billy Walsh. 

Une lumière pointe toutefois au bout du tunnel pour les commerçants alors que Québec présentera la semaine prochaine son plan de réouverture progressive de l’économie.

«Pour les commerçants, l’espoir va passer par une réouverture progressive des entreprises non essentielles», a déclaré vendredi le premier ministre François Legault. 

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