Au-delà des enjeux de santé publique, la crise de la COVID-19 changera profondément les habitudes quotidiennes des Québécois. Et pour cause: alors que près de la moitié de la population est en télétravail, 79% des citoyens se disent «satisfaits» de leur expérience. Une donnée qui démontre que le monde change, et que les entreprises doivent s’y préparer, particulièrement dans le centre-ville de Montréal, soutient un expert.
«Ce n’est pas temporaire. Le télétravail est là pour rester. Les gens commencent à prendre des habitudes qu’ils aiment. Ça changera à jamais la vie de la majorité des entreprises», a indiqué mercredi l’économiste Jean-Marc Léger, lors d’une allocution virtuelle organisée par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM).
Selon le président de la firme de sondage Léger, 58% des salariés québécois voudront «rester à la maison» après la pandémie, soit partiellement ou en totalité.
«Il va falloir être capables de comprendre ça dans vos plans de sortie de crise. Il faut trouver les moyens de rendre vos employés les plus efficaces possibles, depuis leur domicile», ajoute-t-il, en s’adressant aux chefs d’entreprise.
Quels impacts du télétravail pour le centre-ville de Montréal?
Plus de gens en télétravail veut dire moins d’afflux vers les grands pôles d’emploi, ce qui aura forcément une «conséquence directe» sur le centre-ville de Montréal, où la plupart des tours à bureaux et des grands employeurs se trouvent.
«On ne peut plus entasser des tonnes de personnes dans un bureau. Avec la moitié moins de monde, il faudra prendre le double de l’espace.» -Jean-Marc Léger, économiste et expert-sondeur
D’ailleurs, cette nouvelle réalité s’accompagne du fait que le numérique a fait un bond «majeur» pendant la crise. Plus de la moitié (58%) des consommateurs ont adopté au moins un comportement en ligne depuis le début de la pandémie.
«Les entreprises mettaient du temps à passer au numérique. Mais là, les gens ont franchi une barrière. On ne peut plus vraiment revenir en arrière», note M. Léger.
L’avenir risqué des artères commerciales
Jeudi, la Commission sur le développement économique de la Ville de Montréal doit déposer son rapport très attendu sur la problématique des locaux vacants sur les artères commerciales. En juillet, le taux d’inoccupation moyen des commerces atteignait 15%, ce qui équivaut à 1000 locaux vides sur un total de 7000 recensés. Ce pourcentage grimpe d’ailleurs à 26% sur les rues Saint-Denis et Sainte-Catherine.
«C’est la fiscalité municipale qui cause une pression très forte sur les commerces, ce qui augmente le nombre de locaux vacants.» -Pierre-René Perrin, expert en fiscalité municipale et ancien évaluateur de la Ville de Montréal
De nombreuses associations du secteur des affaires réclament par ailleurs une baisse du fardeau fiscal pour les commerçants montréalais.
«En réduisant les dépenses fiscales des commerçants, la Ville permettrait de réduire le seuil de rentabilité des locaux commerciaux montréalais, réduisant ainsi le nombre de fermeture de commerces», illustre Fédération canadienne des contribuables (FCC), dans un mémoire
Pour Jean-Marc Léger, le commerce du détail subira inévitable de grandes transformations. «Le commerce sur rue va rester, mais la surface utilisée va être moindre. De plus en plus, les gens vont aller chercher le produit directement. La clé, c’est vraiment d’être dans le monde digital», observe-t-il.