Les citoyens ne doivent pas cesser d’offrir leur aide aux personnes aveugles qui ont besoin de support dans l’espace public, réclament des dizaines de citoyens malvoyants, alors que la crise du coronavirus vient chambouler leurs habitudes de déplacements.
«Habituellement, les personnes aveugles, quand on circule, on sollicite l’aide des autres personnes pour traverser des intersections ou des passages difficiles», explique à Métro Pierre Croisetière. Le Montréalais, qui se déplace avec une canne blanche, compte parmi les 75 signataires d’une lettre ouverte qui vise à sensibiliser la population aux impacts de la crise sanitaire sur les personnes malvoyantes.
Ces dernières écopent notamment de la règle de distanciation physique de deux mètres mise en place par le gouvernement Legault pour limiter la propagation du coronavirus
«Avec le deux mètres, c’est difficile de tenir le coude de quelqu’un pour traverser la rue», souligne M. Croisetière.
Appel à la «compréhension»
La crise sanitaire a également rendu les courses à l’épicerie plus complexes. En temps normal, les personnes malvoyantes réussissent facilement à trouver la porte de l’épicerie de leur quartier. Or, depuis plusieurs semaines, il faut généralement faire la file avant d’entrer dans les commerces essentiels de Montréal, le nombre de personnes à l’intérieur de ceux-ci étant contrôlé.
«Comment savoir où se trouvent le début et la fin de cette file? S’il faut rester à 2 mètres de distance entre la prochaine personne et nous, il est pratiquement impossible de savoir quand avancer et sur quelle distance. Une fois à l’intérieur, comment suivre des flèches peintes sur le sol qui indiquent le chemin à suivre quand on ne les voit pas ou très peu?», questionnent les signataires.
Ces derniers en appellent donc à la «compréhension» et à «l’empathie» de la population.
«Quand on rentre dans le commerce, on ne voit pas les petites flèches au sol qu’on doit respecter. Donc, ce qu’on veut dire au public, c’est qu’il n’ait pas peur de nous demander si on a besoin d’aide», indique à Métro l’agente de développement au Regroupement des personnes aveugles et amblyopes du Montréal métropolitain (RAAMM), Josée Boyer. Cette dernière souligne d’ailleurs que le port du masque peut venir minimiser les risques de contagion au moment d’aider une personne aveugle.
«Ça nous cause une grande perte d’autonomie.» -Josée Boyer, agente de développement au RAAMM
Aucune amende, assure Québec
Contacté par Métro, le ministère de la Sécurité publique assure que les citoyens n’ont pas à craindre une amende s’ils offrent leur aide à une personne aveugle sans respecter la règle du deux mètres.
«Les décrets et arrêtés ministériels pris en application de la Loi sur la santé publique prévoient une exception pour une personne qui porte assistance ou offre son soutien. Ainsi, l’obligation de demeurer à deux mètres ne s’applique pas dans le cas où la personne aiderait une personne aveugle à traverser la rue, par exemple», indique le cabinet de la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault.
Le cabinet assure d’ailleurs que les policiers «sont bien au fait» que cette exception à l’application de la règle du deux mètres.