Après avoir été ébranlé par la crise du coronavirus, le marché immobilier du Grand Montréal connaît un rebond alors que tant la valeur des propriétés que le nombre de mises en chantier de nouvelles unités de logement connaissent une hausse marquée.
En avril dernier, l’agence immobilière Royal LePage anticipait une baisse de la valeur des propriétés de 0,5 à 3,5% en 2020 dans le Grand Montréal en raison de la pandémie du coronavirus, qui a grandement affecté l’économie québécoise dans les derniers mois.
Or, cette diminution anticipée n’a pas eu lieu. Au contraire, après avoir mis leurs activités sur pause pendant plus d’un mois en raison de la pandémie, les courtiers immobiliers ont fait face à une forte «demande refoulée» lorsqu’ils ont pu de nouveau réaliser des transactions immobilières, le 11 mai. Le marché de la revente a alors atteint «un record» un peu partout au Québec.
«Cette demande refoulée, combinée au fait qu’il y a peu de propriétés à revendre, a fait en sorte que les prix se sont accélérés», constate le le vice-président et directeur général de Royal LePage, Dominic St-Pierre.
Forte croissance
Un rapport fait ainsi état d’une hausse de 7,7% de la valeur des propriétés dans le Grand Montréal au cours du deuxième trimestre de l’année en cours, par rapport à la même période l’an dernier. Au cours des prochains mois, la pression sur le marché de la revente devrait ralentir, ce qui devrait limiter la hausse de la valeur des unités de logement dans la région à 3,5% pour l’année 2020, selon ce rapport. Une croissance tout de même «inespérée» dans le contexte actuel, souligne M. St-Pierre.
«On dirait que le confinement a montré l’intérêt pour les Québécois d’avoir un chez soi à leur goût, plus adapté à leur nouvelle réalité de télé-travail, notamment», souligne M. St-Pierre pour justifier cet engouement de la population pour l’achat d’un nouveau logement.
Il estime également que la pause des mises en chantier résidentielles pendant une partie de la pandémie a contribué à la hausse de la valeur des propriétés à revendre en stimulant la demande pour celles-ci.
«Actuellement, l’offre ne suffit pas à la demande.» -Dominic St-Pierre, vice-président et directeur général de Royal LePage
Mises en chantier au centre-ville
Les mises en chantier résidentielles ont d’ailleurs repris de plus belle dans le Grand Montréal, selon des données publiées jeudi par la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL). Ainsi, la région métropolitaine a enregistré le mois dernier quelque 3360 mises en chantier. Si ce nombre est 2% inférieur au mois de juin 2019, il représente toutefois une hausse de 20% par rapport à mai 2020.
Sur l’ensemble de la région, 56% des mises en chantier se sont concentrées sur l’île de Montréal. Seulement au centre-ville, on en compte 414. Un nombre qui grimpe à 723 pour le secteur couvrant le Sud-Ouest et Verdun. Il s’agit toutefois en bonne partie de projet résidentiels pour lesquels les permis ont été octroyés bien avant que la pandémie vienne affecter grandement le centre-ville de Montréal et ses environs, où se concentrent de nombreuses tours à bureaux en partie désertées en raison du télé-travail.
«C’est à partir de l’année prochaine qu’on pourra voir s’il y a un attrait moins intéressant du centre-ville et s’il y a un déplacement vers la banlieue. Ce sera à suivre», soulève l’analyste Francis Cortellino, de la SCHL.
Logements locatifs
Difficile de dire, d’autre part, si les tendances immobilières des prochains mois entraîneront une augmentation du nombre de logements locatifs.
«Étant donné qu’il y a une pénurie de logements à vendre, les gens se tournent vers le marché locatif, ce qui peut créer une pénurie de logements à louer», souligne M. St-Pierre.
Francis Cortellino, pour sa part, fait état d’une baisse drastique du nombre de nouveaux immigrants et d’étudiants internationaux dans les derniers mois dans la région, ce qui pourrait augmenter le nombre de logements disponibles. Actuellement, seulement 1,5% des logements locatifs sont disponibles dans le Grand Montréal.