Alors que des travaux de forages pour la construction d’une station du Réseau express métropolitain (REM) sont entamés à l’aéroport Montréal-Trudeau, Québec se désiste du financement du projet.
«Des efforts peuvent encore être faits par l’aéroport de Montréal, qui relève du gouvernement fédéral et non du Québec, dans la recherche d’une solution pour le financement de ce projet», a soutenu par courriel le bureau du ministre des Transports du Québec.
Le ministère a toutefois réitéré son désir de voir le projet se conclure. «Le gouvernement du Québec a financé le projet du REM à la hauteur de 1,28 G$ et Hydro-Québec y a contribué pour 295 M$. En plus, nous avons investi 192 M$ pour la mise en place des mesures d’atténuation», rappelle-t-on.
Les deux paliers gouvernementaux travaillaient conjointement depuis quelques mois afin de trouver une solution pour assurer le financement de la nouvelle station.
«Nous avons été déçus d’apprendre que le gouvernement du Québec se soit retiré du projet de la station à l’aéroport de Montréal», nous indique le ministre fédéral des Transports, Marc Garneau.
L’engagement d’Ottawa envers le REM est «sans équivoque», revendique-t-il. «Le lien vers l’aéroport est incontournable pour le projet en entier. Une meilleure connexion de l’aéroport au réseau de transport en commun était d’ailleurs l’un des objectifs phares du projet celui-ci a été annoncé», souligne-t-il.
Trouver une solution au problème de financement est «impératif», mentionne le ministre, considérant que la nouvelle station améliorera la mobilité des citoyens et des visiteurs de Montréal.
Prudence
Aéroports de Montréal (ADM) a préféré s’abstenir de réagir au désistement de Québec, indiquant que celui-ci ne lui avait pas été rapporté directement. L’organisme a toutefois rappelé être en négociations avec les deux instances gouvernementales depuis cinq mois au sujet d’un prêt avec conditions de remboursements.
«Tout l’été, de nombreuses informations et données, incluant divers montages financiers, ont été fournies tant aux équipes de Transports Canada qu’à celles du ministère de l’Économie et de l’Innovation du Québec», précise-t-on.
En raison des pertes anticipées cette année, ADM n’a désormais pas le luxe de payer à elle seule cette station, dont le coût est estimé à 600 M$. «Si elle n’obtient pas de prêt, ADM ne voit pas comment elle pourrait financer la construction de station du REM à l’aéroport, sans déroger à sa mission première d’autorité aéroportuaire», mentionne-t-on.
Déception
Affichant son support au projet depuis des mois, la Chambre de commerce de l’Ouest-de-l’Île de Montréal se dit «surprise et déçue» de la décision de Québec, et lui demande de se repositionner, car «l’aéroport Montréal-Trudeau représente une porte d’entrée cruciale pour l’Ouest-de-l’Île, Montréal et le Québec dans son ensemble.»
«Le REM est un projet vert et durable, il est structurant pour le Québec à condition d’avoir une station à son aéroport international. Sans cette station, il devient un mode de transport en commun au même titre que le train de Exo ou des lignes d’autobus de la STM», prévient le directeur général Joseph Huza.
Le porte-parole de l’opposition officielle en matière de Transports, Pierre Arcand, a qualifié de «scandaleux» le désistement de Québec.