Un promoteur souhaite construire deux tours au centre-ville qui comprendraient des centaines d’unités dédiées aux locataires, mais aucun logement social. Un projet qui soulève l’ire du milieu communautaire.
Les abords de la place Émilie-Gamelin pourraient subir d’importants changements dans les prochaines années. Le développeur immobilier Mondev prévoit démolir quatre bâtiments sur la rue Sainte-Catherine Est, des deux côtés de l’intersection avec la rue Saint-Hubert, afin d’ériger deux tours de 15 et de 18 étages. Celles-ci compteraient en tout 481 logements, dont 5% comportant trois chambres, de même que des studios et des logements d’une à deux chambres.
Une séance de consultation aura d’ailleurs lieu le 3 février afin de statuer sur les demandes de démolition du promoteur. Il s’agit notamment de quelques restaurants et d’une salle de gym en face de la place Émilie-Gamelin de même qu’à l’intérieur du Village gai. Par la suite, le promoteur pourra effectuer une demande de permis de construction, qu’étudiera le Comité consultatif d’urbanisme de l’arrondissement de Ville-Marie.
En entrevue à Métro mardi, l’associé principal à Mondev, Michael Owen, a qualifié de «stratégique» le secteur ciblé pour ce projet immobilier. «C’est comme l’entrée vers l’Est [de Montréal] tout en donnant accès au Quartier des spectacles», illustre-t-il.
S’il obtient rapidement les autorisations nécessaires, Michael Owen espère commencer les travaux de la tour située à l’ouest de la rue Saint-Hubert dès cette année. Les travaux pour la deuxième tour, qui nécessiteront notamment la démolition du restaurant italien Da Giovanni, pourraient commencer l’an prochain, entrevoit-il. Ces deux bâtiments comprendront un rez-de-chaussée commercial.
Aucun logement social
Ce projet, réalisé en collaboration avec la firme ACDF architecture, a subi plusieurs changements au cours des deux dernières années, notamment pour réduire l’impact de ces deux tours sur le paysage du secteur. Toutefois, le promoteur ne prévoit inclure aucun logement social dans ces tours, a confirmé M. Owen.
Le développeur immobilier ne fournira pas non plus une compensation financière à la Ville pour palier l’absence de ce type de logements. Le promoteur affirme que ce projet «de plein droit» n’aura pas à respecter le règlement pour une métropole mixte, puisque celui-ci n’entrera en vigueur que le 1er avril. Par ce règlement, communément appelé «20-20-20», la Ville souhaite forcer les promoteurs à inclure un certain nombre de logements sociaux, abordables et familiaux dans leur projet.
«Ils ne veulent pas que le règlement pour une métropole mixte s’applique, donc ils essaient de la passer en toute vitesse», analyse le coordonnateur du Comité logement Ville-Marie, Éric Michaud.
«Il y a des grands besoins pour les familles, il y a des grands besoins pour les personnes défavorisées. Et malheureusement, tout ce qui se construit, ce sont des condos inabordables.» -Éric Michaud, coordonnateur au Comité logement Ville-Marie
Besoins importants
Selon des données compilées par le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), 48% des locataires de Ville-Marie consacrent plus de 30% de leur revenu pour se loger. Il s’agit aussi d’un arrondissement où se concentrent un grand nombre de personnes en situation d’itinérance.
«Il y a très peu de logements sociaux dans Ville-Marie», rappelle la porte-parole du FRAPRU, Véronique Laflamme, qui qualifie d’«inacceptable» l’absence de telles unités dans le projet de Mondev.
Le cabinet de la mairesse de Montréal, Valérie Plante, n’a pas voulu commenter mardi ce projet immobilier. «Le processus d’analyse de l’arrondissement n’est pas terminé et les permis n’ont pas été délivrés», justifie une attachée de presse, Laurence Houde-Roy.