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Logement social: Montréal acquiert un autre terrain grâce au droit de préemption

logement social Robert Beaudry
Le responsable de l’habitation au comité exécutif, Robert Beaudry. Photo: Josie Desmarais/Métro

La Ville de Montréal fera l’acquisition d’un autre terrain dans le quartier Parc-Extension afin que des logements sociaux viennent remplacer le bâtiment vétuste qui s’y trouve, a appris Métro. Ce projet ne pourra toutefois se concrétiser que si l’aide financière de Québec est au rendez-vous.

Le terrain en question se trouve au 7965, boulevard de l’Acadie, à une quinzaine de minutes de marche des stations de métro Parc et Acadie. On y retrouve un bâtiment vacant, construit dans les années 1950, que lorgnent plusieurs organismes communautaires. C’est notamment le cas du Comité d’action de Parc-Extension (CAPE), dont les membres ont milité à plusieurs reprises dans les derniers mois pour demander à la Ville de prendre possession de cet immeuble, situé dans un quartier qui souffre de la spéculation immobilière.

Leur requête semble avoir été entendue. Des documents adoptés à huis clos mercredi, en séance du comité exécutif, indiquent que la Ville déboursera 1,8 M$ pour acquérir ce terrain, d’une superficie de 789,6 m². La Ville a ainsi utilisé son droit de préemption pour avoir la priorité d’achat sur ce site, qui avait récemment fait l’objet d’une offre de la part d’un acteur du secteur privé. Cette transaction devrait se concrétiser d’ici quelques semaines, indique-t-on à Métro.

«C’est vraiment une victoire pour les locataires», a salué mercredi l’organisatrice communautaire du CAPE, Amy Darwish, en entrevue à Métro.

Une fois que la Ville aura officiellement acquis ce terrain, elle sera responsable d’entretenir le vieux bâtiment qui s’y trouve jusqu’à ce qu’elle déniche un organisme intéressé à acheter celui-ci à rabais pour y aménager ensuite des logements sociaux. La Ville estime que 22 unités pourraient voir le jour dans un bâtiment d’un maximum de quatre étages sur ce site.

Montréal interpelle Québec

Ces unités de logement social ne pourront toutefois se concrétiser sans l’aide de Québec, plaide la Ville.

«On sécurise et on acquiert un terrain. Mais ensuite, ce qu’il faut, c’est de l’investissement de la part du gouvernement du Québec dans le programme AccèsLogis. Ça presse parce que le développement d’un projet, ça prend du temps», affirme à Métro le responsable de l’habitation au comité exécutif, Robert Beaudry.

L’enjeu est d’ailleurs le même à la Plaza Hutchison, un autre immeuble du quartier Parc-Extension, que la Ville a acquis en septembre dernier au coût de 6,5 M$. Encore là, la Ville souhaite que 40 logements sociaux y prennent forme éventuellement, si l’aide de Québec est au rendez-vous.

«Il faut absolument que le gouvernement provincial investisse pour que des logements sociaux puissent être construits [à ces endroits]», martèle Mme Darwish.

Stratégie 12 000 logements

L’automne dernier, Québec et Ottawa ont annoncé avoir finalement conclu une entente concernant la Stratégie nationale sur le logement. Toutefois, «ça ne change rien pour l’instant parce que l’argent n’est pas encore descendu [à Montréal]», laisse tomber M. Beaudry.

L’élu espère donc que le prochain budget de Québec, attendu en mars, comprendra de nouvelles sommes pour le programme AccèsLogis. L’enjeu est d’ailleurs politique pour Projet Montréal, puisque de tels fonds pourraient l’aider à concrétiser sa promesse électorale d’aménager 12 000 logements sociaux et abordables d’ici la fin de son mandat, en novembre 2021.

À cet égard, M. Beaudry affirme que la Ville a atteint 78% de son objectif global. Les unités de logement social s’avèrent toutefois plus complexes à réaliser que l’autre moitié de la cible, concède-t-il.

«C’est vraiment à cet endroit-là où on a besoin d’un coup de barre parce que les besoins sont très grands», évoque l’élu.

Le cabinet de la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, Andrée Laforest, se défend toutefois de sous-investir en matière de logement social. Par courriel, il rétorque que la Ville a reçu plus de 380 M$ depuis 2018, via l’entente Réflexe Montréal, «pour gérer ses programmes en habitation et pour construire du logement».

«Avec cet argent, la Ville a choisi de faire lever des projets représentant 80 unités», ajoute le cabinet. Québec a par ailleurs injecté 410 M$ au cours des deux dernières années dans le programme AccèsLogis Québec.

«Nous continuerons de travailler afin de réaliser nos engagements. Jusqu’à maintenant, c’est près de 5500 logements sur le point d’être habités et le rythme s’accélère», ajoute le cabinet.

«On a besoin que le gouvernement du Québec mette du gaz dans le moteur parce que sinon, on ne pourra pas avancer.» -Robert Beaudry, responsable de l’habitation au comité exécutif

Plus d’acquisitions réclamées

Au printemps 2020, la Ville s’est donnée la possibilité d’utiliser son droit de préemption sur 300 terrains répartis dans divers quartiers centraux de la métropole, incluant Parc-Extension, Verdun et le Sud-Ouest. Elle n’a toutefois procédé à l’achat que de deux de ces terrains jusqu’à maintenant. Il s’agit de la Plaza Hutchison et du lot situé sur le boulevard de l’Acadie, a confirmé à la Ville à Métro.

«Il faut que la Ville accélère encore plus l’acquisition de ces terrains-là dans un contexte de spéculation immobilière», estime la responsable des dossiers montréalais au Front d’action populaire en réaménagement urbain, Catherine Lussier.

La Ville a toutefois procédé à l’acquisition de plusieurs autres terrains par d’autres moyens que le droit de préemption, l’an dernier. Cela a notamment été le cas dans Lachine et Verdun, indique Robert Beaudry.

D’ici 2030, la Ville a prévu dépenser 107 M$ pour acquérir des terrains à des fins de réalisation de logements sociaux et communautaires.

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