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Un OBNL d’habitation de Centre-Sud en quête de financement

Une des Tours Frontenac. Photo: Capture d'écran Google maps

L’OBNL d’habitation Les Tours Frontenac annonce l’adoption de sa toute première politique de location, soulignant ainsi «faire sa part» dans le contexte de la crise du logement. Il interpelle du même coup les gouvernements provinciaux et fédéraux, souhaitant obtenir du soutien financier pour les travaux de maintien de ses immeubles, qui sont comme lui vieux de plus de 50 ans.

Situées à deux pas de la station de métro du même nom, Les Tours Frontenac accueillent environ 1200 personnes dans 784 logements. De ses locataires, 60% sont des personnes âgées autonomes.

Sans aide financière, son administration craint de devoir déroger à sa mission visant à offrir des logements abordables et d’être obligée d’augmenter les loyers. Le problème: selon la lecture de l’OBNL, il ne coche toutes les cases d’aucune subvention qui lui permettrait d’obtenir du financement pour ses travaux. Il a donc dû «rompre avec la tendance des dernières années d’augmenter ses loyers de moins de 2%», résume l’administration, qui s’est vue contrainte de hausser ses loyers de 8% depuis le 1er juillet.

Nous pensons que le gouvernement fédéral et le gouvernement provincial doivent conjointement trouver des façons de soutenir financièrement, au moyen de subventions et pas seulement de prêts, l’entretien et le maintien des bâtiments appartenant aux OBNL d’habitation comme le nôtre.

Natalie Fortin, directrice générale de Gestion des Trois Pignons, à qui appartiennent Les Tours Frontenac

Les bâtiments doivent subir des «travaux importants» de maintien dont les coûts s’élèvent à 8,5 M$. Ce montant ne compte pas les 4 M$ investis en 2022 pour divers travaux dans les bâtisses ni les «travaux de rafraîchissement» devant être effectués entre chaque changement de locataires.

Mme Fortin explique que la construction des trois tours a été possible «grâce à de vieux programmes du fédéral» et que leur convention avec celui-ci est échue depuis 2016, ce qui compliquerait l’accès à des subventions, mettant en jeu leur viabilité et salubrité à long terme.

Une «quasi-absence de subventions»

Les Tours Frontenac n’ont accès qu’à une seule subvention, soit 500 000 $ pour le maintien des logements abordables de la Ville de Montréal. Il ne se qualifie pour aucune subvention de la Société d’habitation du Québec (SHQ) pour ce type de travaux.

Même si on a été construit avec un programme du fédéral, il n’en demeure pas moins que ce sont des Québécois qu’on loge avec notre OBNL et on souhaiterait avoir accès à des programmes de subventions pour le maintien de nos actifs. Si on n’y arrive pas, on va perdre des logements abordables avec le temps.

Natalie Fortin, directrice générale de Gestion des Trois Pignons

Mme Fortin souligne que son organisme d’habitation n’est pas le seul à se retrouver dans cette position fâcheuse, «entre l’arbre et l’écorce».

Le député solidaire d’Hochelaga-Maisonneuve, Alexandre Leduc, soutient l’initiative de l’OBNL Les Tours Frontenac et interpelle directement la ministre responsable de l’habitation, France-Élaine Duranceau. Il espère qu’elle «saura reconnaître qui sont ses partenaires essentiels dans la construction et l’entretien de logements sociaux et abordables dans cette crise». Il croit également que son gouvernement doit assurer un financement adéquat pour permettre la conservation des bâtiments en plus de reconnaître l’expertise de ces OBNL d’habitation.

La SHQ, contactée par Métro, redirige l’organisme vers la Société canadienne d’hypothèques et de logements (SCHL). Mais là non plus, Les Tours Frontenac ne voit pas comment il peut se qualifier pour recevoir des subventions afin d’effectuer ces travaux.

Actuellement, 102 ménages sur les 784 logeant aux Tours Frontenac bénéficient d’une aide de la SCHL leur permettant de payer 26% de leur revenu en loyer. Des fonds de subventions excédentaires pourront servir à aider quelques ménages supplémentaires à l’automne.

L’OBNL bénéficie de prêts de la SCHL. «On a de bons taux d’intérêt, on est reconnaissant, mais des prêts, ce ne sont pas des subventions», dit Mme Fortin. La SCHL invite l’organisme à effectuer une demande dans le cadre du Fonds national de co-investissement pour le logement (FNCIL). Bien que la directrice générale admette ne pas avoir déposé de demande aux gouvernements, elle insiste: Les Tours Frontenac ne serait admissible à aucune subvention concernant des travaux de maintien, selon sa lecture.

Une nouvelle politique de location

Les Tours Frontenac souligne «faire sa part afin de faciliter l’accès à ses logements abordables aux ménages montréalais à revenu modeste» en adoptant une première Politique de location et de transfert de logement. Celle-ci viendrait, «pour la première fois en 50 ans d’existence», clarifier par écrit les règles d’accès au logement et donc en faciliter l’accès pour les ménages à loyer modique.

«Auparavant, quelqu’un qui gagnait à la limite 100 000 $ par année pouvait venir habiter aux Tours Frontenac même s’il s’agissait d’un logement abordable. Ce n’est plus le cas avec cette nouvelle politique-là», assure la directrice générale de Gestion des Trois Pignons. L’organisme se fie maintenant à la grille de revenu maximal pour un logement abordable de la SHQ pour fixer le revenu maximal d’un locataire de ses tours.

La nouvelle politique de l’organisme encadre dorénavant la gestion des files d’attente ainsi que les demandes de transfert à l’interne. Les ménages déjà locataires ne respectant plus la nouvelle politique pourront demeurer locataires jusqu’à leur départ volontaire. Les Tours Frontenac indique que cette nouvelle politique ne permet pas l’accès à de nouvelles subventions.

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