Montréal

Couvre-feu: la police fouille son sac à lunch

Une voiture du SPVM

Sarah Vresk, une résidente de Verdun, dénonce les agissements d’un policier du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), qui aurait profité d’une intervention concernant le couvre-feu pour fouiller son sac à lunch.

Sarah Vresk estime que le SPVM ne devrait pas utiliser le couvre-feu comme excuse pour fouiller les effets personnels des Montréalais. Il s’agit d’une atteinte à sa vie privée, dit-elle.

«Il n’avait pas le droit ni aucune raison pour fouiller mon sac. J’essayais seulement de me rendre au travail», explique Mme Vresk en entrevue avec Métro.

La semaine dernière, Mme Vresk se rendait à son travail vers 4h du matin lorsqu’un policier lui a demandé d’arrêter sa voiture, à l’angle de la rue Verdun et de la 4e avenue. Selon ses souvenirs, lorsque le policier s’est approché, il n’avait pas de masque. Elle lui a demandé d’en mettre un.

Lorsqu’il est revenu avec son masque, elle lui a expliqué qu’elle est une travailleuse essentielle puisqu’elle travaille dans le déneigement. Elle avait donc le droit d’être sur la route pendant les heures d’application du couvre-feu, soit de 20h à 5h. Elle lui a remis ses pièces d’identité ainsi qu’une lettre de son employeur attestant de sa profession.

Vresk croyait pouvoir partir lorsque, soudainement, l’agent lui aurait demandé de lui montrer ce qui se trouvait dans son sac à lunch.

«Je crois que le fait que je lui demande de porter un masque a influencé le reste de l’interaction», dit-elle. «Il semblait vouloir me montrer que c’était lui qui menait.»

La résidente de Verdun lui a demandé pourquoi c’était nécessaire, puisqu’elle avait déjà démontré qu’elle avait le droit de se rendre à son travail pendant le couvre-feu. Mais l’agent s’est montré insistant. Selon Mme Vresk, il a menacé de lui remettre une contravention en dépit de tout pour son manque de collaboration.

«Il m’a dit que si je n’ouvrais pas mon sac à lunch, il me donnerait une contravention et je devrais expliquer cela à mon employeur», dit-elle.

Après un long débat, elle a finalement acquiescé. Elle lui a montré la nourriture et les boissons qui s’y trouvaient afin de pouvoir arriver à l’heure à son travail. L’agent est retourné à son autopatrouille et l’a laissée partir, sans contravention.

«En quittant, je sentais une telle colère et un sentiment d’impuissance», dit-elle.

Plainte au SPVM

Mme Vresk a ensuite partagé sa frustration sur les réseaux sociaux. Elle souhaitait notamment que ses proches sachent qu’une lettre d’un employeur pourrait être insuffisante lorsque vient le temps de prouver qu’ils ont le droit d’être en déplacement pendant le couvre-feu. Sa publication s’est largement diffusée dans son réseau.

«Incroyable. Tu devrais déposer une plainte contre lui», lance un internaute.

«Même dans le contexte des mesures sanitaires, c’est très illégal. Le fait que tu as dû lui demander de mettre un masque pendant l’échange, c’est surréel», dit un autre.

Quelques heures après l’incident, Mme Vresk a déposé une plainte auprès du SPVM afin d’envoyer le message que les agents ne devraient pas abuser de leur autorité en menaçant les citoyens de sanctions s’ils n’acceptent pas de se laisser fouiller. Même si l’événement est terminé, elle s’inquiète encore des répercussions qu’elle pourrait subir.

«Ça me rend anxieuse, admet-elle. Je m’inquiète de ma prochaine interaction avec la police, maintenant qu’ils savent qui je suis. Mais je me sens mieux parce que peut-être que ça peut changer les choses.»

Avant le début de l’application du couvre-feu, la ministre de la Sécurité publique Geneviève Guilbault a dit qu’elle s’attendant à ce que les corps policiers fassent preuve de «gros bon sens» dans l’application des lois et des règlements. Elle a insisté que les agents ont l’habitude de prendre des décisions difficiles dans de telles situations.

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