Une petite bombe est tombée sur le milieu de l’itinérance hier. L’Accueil Bonneau, une des plus importantes ressources à Montréal, a réduit son équipe d’intervenants spécialisés en itinérance pour embaucher davantage d’agents de sécurité de la firme Garda.
Cette décision affectera six postes permanents d’intervention au Centre de jour de l’Accueil Bonneau et cinq postes temporaires au Grand Quai. Certains se verront donc offrir des réaffectations dans l’organisation.
«Nous avons dû augmenter nos effectifs de sécurité à la Halte du Grand Quai, mais ce projet prendra fin le 31 mars prochain», précise le directeur exécutif de l’Accueil Bonneau, Claude Vigneault.
Selon M. Vigneault, ces changements ne réduiront pas les services demandés par les utilisateurs. «Nous n’avons pas aboli tous les postes d’intervenants au Grand Quai. Des intervenants de milieu et projets artistiques sont toujours en poste sur place», explique-t-il.
Une décision «qui s’explique mal», dit le RAPSIM
La directrice générale du Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM), Annie Savage, «s’explique mal» cette décision dans un contexte où ses membres ont déjà de la difficulté a recruter du personnel qualifié.
En effet, le travail des intervenants est précieux, surtout en période de crise sanitaire où la vulnérabilité des personnes en situation d’itinérance est exacerbée, ajoute-t-elle.
«Quand ils arrivent dans les ressources, les crises éclatent beaucoup plus. Donc ça prend évidemment des gens qui sont sensibles, habitués et qui développent des relations de confiance avec les personnes», explique Mme Savage.
«Évolution» des besoins
Depuis avant même la crise sanitaire, Claude Vigneault dit constater une «évolution importante» des besoins des personnes en situation d’itinérance, ainsi que les approches utilisées pour y répondre.
«Ainsi, nous avons pris la décision de réaligner nos ressources pour mieux répondre aux besoins de notre clientèle et rester fidèles à notre mission», indique-t-il.
En effet, une analyse entamée en 2020 a mis en lumière la nécessité d’actualiser le modèle d’intervention de l’organisme. Celui-ci n’est pas conçu pour répondre aux besoins des personnes en situation d’itinérance, affirme M. Vigneault.
«C’est à actualiser, soutient-il. Il fut un temps où les intervenants spécialisés étaient la porte d’entrée principale de la vaste majorité des référencements vers le logement de notre clientèle, c’est-à-dire qu’ils les prenaient en charge directement de la rue. Désormais, la majorité de nos référencements proviennent d’ailleurs dans le système ou de nos partenaires externes.»
Claude Vigneault ajoute que les services les plus recherchés par les usagers ne requièrent pas nécessairement un travail d’intervention. Il fait notamment référence aux services de repas, de vestiaire, des douches, ainsi qu’à l’accès aux ordinateurs et aux services de santé. Ceux-ci continuent comme avant.
«Évidemment, ce genre de décision importante comporte son lot de défis et de changements qui sont parfois difficiles sur le plan humain et nous demeurons à l’écoute de nos employés au cours de cette période», précise le directeur exécutif.