Alors que les loyers commerciaux sont en hausse dans la métropole, des organismes communautaires de la région auront accès à un fonds de près de 19 M$ afin de les aider à devenir propriétaires de leurs locaux, se libérant ainsi des impacts de la spéculation immobilière.
De plus en plus, les groupes communautaires de Montréal peinent à trouver des locaux commerciaux abordables dans plusieurs quartiers. La forte hausse des loyers commerciaux dans les dernières années et les fréquentes reprises de locaux commerciaux par des propriétaires leur causent aussi bien des maux de tête.
«Ce que ça l’a pour conséquence, c’est qu’il y a une part croissante du budget [des organismes] qui va à ce loyer-là et moins aux services», a évoqué le coordonnateur de la Coalition montréalaise des Tables de quartier (CMTQ), Yves Bellavance, lors d’une conférence de presse virtuelle tenue vendredi avant-midi. Actuellement, une majorité d’organismes communautaires sont locataires à Montréal.
«Il y a un grand besoin pour des locaux adéquats et abordables pour les organismes communautaires», a aussi souligné le président de la Fondation Lucie et André Chagnon, Jean-Marc Chouinard.
Face aux impacts de la spéculation immobilière, des organismes peinent de plus en plus à trouver un local abordable dans le quartier où ils souhaitent offrir leurs services.
«On ne veut pas se retrouver loin des populations qu’on dessert.» -Yves Bellavance, coordonnateur de la Coalition montréalaise des Tables de quartier
Des prêts
De nombreuses fondations philanthropiques et groupes financiers ont donc pris l’initiative de rendre accessibles des prêts totalisant 18,6 M$ afin d’aider des organismes communautaires à devenir propriétaires de leurs locaux commerciaux «et ainsi sortir de l’insécurité locative dans laquelle ils se trouvent». La Ville de Montréal participera pour sa part à la mise en application de ce projet, piloté par la CMTQ et Centraide du Grand Montréal.
Concrètement, ce fonds, baptisé «l’Initiative immobilière communautaire du Grand Montréal», se divise en trois volets visant à guider progressivement les organismes locataires dans ce processus.
Une somme de 1,65 M$ ira ainsi à un programme visant à accompagner des organismes ayant besoin d’aide technique pour lancer des projets communautaires. Il s’agit de prêts «pardonnables». Par conséquent, si le projet visé ne se réalise pas, ce prêt n’aura pas à être remboursé, a indiqué le directeur général de Fiducie du Chantier de l’économie sociale, Jacques Charest.
Une forte demande
Un fonds d’acquisition de 5,95 M$ servira pour sa part à aider des organismes à prendre possession «rapidement» et à «sécuriser l’achat» d’immeubles disponibles. «On sait que dans le marché immobilier de Montréal, ça peut partir vite. Donc, on veut pouvoir mettre les sommes nécessaires pour retirer des immeubles du marché», a expliqué M. Charest.
La part du lion, soit 11 M$, servira finalement à compléter le montage financier de même que la rénovation ou la construction d’immeubles commerciaux à des fins communautaires. Le prêt accordé sera remboursable sur 15 ans.
«On croit qu’avec ces outils, on va pouvoir mieux loger les groupes pour qu’ils puissent continuer à servir la population», a ajouté M. Charest.
Signe de l’intérêt que suscite ce projet, une centaine d’organismes auraient déjà signifié leur intérêt pour un de ces prêts. Un tri devra donc être fait, car «une dizaine à une vingtaine» de groupes communautaires devraient bénéficier de cette initiative, au final, a indiqué M. Charest.
«Dès lundi, on est prêts à recevoir les projets et à les analyser», a ajouté celui-ci.