L’enthousiasme est au rendez-vous sur les terrasses des artères montréalaises comme Masson, Mont-Royal, Bernard et Villeray, alors que les propriétaires de restaurants peuvent enfin rouvrir leurs terrasses, le déconfinement commençant ce vendredi au Québec. Néanmoins, les défis auxquels ils sont confrontés demeurent nombreux, notamment en ce qui concerne le recrutement d’employés et l’application des mesures sanitaires.
«On est bien contents de rouvrir, on se sent revivre, s’exclame Georges Blais propriétaire de chez Gaston, un restaurant apportez votre vin de la rue Masson. C’est notre métier et on adore accueillir des gens dans notre restaurant.»
Ce dernier rouvre sa terrasse ce soir avec neuf tables de deux personnes. Ici, l’optimisme est au rendez-vous. M. Blais est heureux d’accueillir les clients à l’extérieur – il pense déjà agrandir sa terrasse lorsque la rue Masson sera fermée – mais il a surtout hâte d’ouvrir sa salle à manger.
Du plaisir malgré le froid
En cette première journée de réouverture des terrasses, le soleil est présent. Il fait seulement douze degrés Celsius à l’extérieur, mais la basse température ne semble pas faire détourner les clients, qui se font nombreux. En effet, les terrasses de l’avenue Mont-Royal sont presque toutes pleines ce midi. Certains restaurateurs ne sont pas ouverts pour le dîner et préparent l’aménagement de leur terrasse afin de pouvoir y accueillir des clients en soirée.
Au restaurant Pizzédélic, on indique avoir été «bombardé» de réservations sur sa terrasse pour le déconfinement. Sa gérante, Laurianne Dubois, assure avoir les employés pour répondre à la demande. «J’ai engagé des gens il y a deux mois sans pouvoir leur donner de chiffre. Ils sont restés fidèles. J’ai donc une équipe presque complète. Je suis vraiment une exception en ce moment. Je suis vraiment chanceuse de les avoir.»
Elle dit attendre avec impatience la piétonnisation de l’avenue Mont-Royal en rue piétonne le 18 juin. Cela lui permettra d’agrandir sa terrasse et de servir plus de clients.
Le bonheur de reprendre les affaires est manifeste aussi sur la rue Masson. À la Brûlerie Saint-Denis, les clients n’ont pas tardé à venir s’installer au soleil, malgré la température fraîche. «On est très content de revoir nos clients. Ça annonce une belle saison cet été. La Ville a été très conciliante, on a eu nos permis rapidement. J’ai ouvert à 6h30 et à 6h40, j’avais déjà mes premiers clients assis. Ils sont ravis d’enfin boire un petit café en terrasse», explique David Boisselier.
Matthew Shefler, propriétaire du restaurant Knuckles Cantine et Vins sur la rue Jarry Est, explique que contrairement à d’autres restaurants, son établissement fonctionne à plein régime depuis les derniers mois grâce aux livraisons.
«On a engagé plusieurs employés lors des derniers mois et on continue à le faire. On compte cinq à six employés pour le moment, donc on est une petite équipe. Toutefois, bien qu’on ait ouvert pendant la pandémie et le confinement à l’automne et que ça va bien (financièrement), on préfère servir du monde en vrai, voir des sourires, connaître nos clients réguliers et leurs habitudes.»
Des obstacles
Depuis l’annonce de la réouverture des terrasses et des salles à manger avec le plan de déconfinement, c’est la course contre la montre pour embaucher des employés pour servir les clients et travailler en cuisine.
Jacques Séguin, propriétaire du restaurant Nouveau Palais de la rue Bernard Ouest, a pu rouvrir de justesse. Ce n’est que ce matin qu’il a reçu son permis de terrasse. Il ne manque pas de personnel à l’heure actuelle, mais il prévoit que cela changera lorsque les salles à manger pourront rouvrir. «Pour l’instant, on a une vingtaine de places donc ça va. Cependant, quand on aura l’intérieur et l’extérieur, ça risque d’être plus compliqué.»
Sur l’avenue du Mont-Royal, Frédéric Martel, copropriétaire de la Taverne Saint-Sacrement, est très content de pouvoir accueillir de nouveau des clients sur sa terrasse. Le fait que tout le monde rouvre en même temps rend les choses plus compliquées, selon lui.
«On est super content de pouvoir rouvrir. Après neuf mois, c’est l’heure. On est short staff, mais il fait beau et les clients sont compréhensifs. On va s’ajuster», dit-il.
La pandémie aura été une période de changements pour les restaurants. Les propriétaires de la brasserie EtOH Brasserie, François et Mireille Bélanger, étaient très heureux de pouvoir reprendre les activités de la brasserie. À l’heure actuelle, M. et Mme Bélanger, qui sont frère et sœur, ne peuvent accueillir actuellement que 16 personnes sur leur petite terrasse de huit tables. Toutefois, contrairement à d’autres restaurants, la brasserie a été en mesure d’offrir du service aux citoyens du quartier grâce à la boutique de la brasserie qui vend leurs bières artisanales sous forme de bouteilles.
Mesures à respecter même avec le déconfinement
Outre les difficultés de dénicher de la main-d’œuvre, les nombreuses restrictions sanitaires qui demeurent, pandémie oblige, causent certains maux de tête.
Selon les directives gouvernementales qui restent en vigueur malgré le déconfinement, un maximum de deux personnes provenant d’adresses différentes et pouvant être accompagnés de leurs enfants d’âge mineur peut s’assoir par table sur une terrasse. Les clients qui résident à la même adresse ne sont toutefois pas limités en nombre.
Pour les établissements avec service aux tables, une réservation est requise et les établissements ont l’obligation de tenir un registre. Les clients doivent être assis et porter un masque lorsqu’ils circulent entre les tables.
Pour consommer un verre d’alcool, un client devra nécessairement commander en même temps des aliments préparés sur place. De plus, il sera impossible de commander un verre après 23h.
Pour les bars, ces restrictions sont particulièrement difficiles. Certains vont plutôt attendre de pouvoir rouvrir leur salle avant d’accueillir à nouveau des clients.
«On n’a pas envie de frustrer nos clients avec des histoires de réservations et de limite de temps. C’est ingérable d’offrir une bonne expérience de bar pour le client dans ces conditions. On ne veut pas rusher les clients; un bar c’est fait pour prendre son temps et chiller. Pis on ne veut pas obliger les clients à devoir prendre de quoi manger», fait valoir Federico Rivas, propriétaire du pub chez Baptiste.
Avec la collaboration de Caroline Lefer-Palos et Julien Lachapelle.