L’école primaire Saint-Donat dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuve fonctionne sans son conseil d’établissement (CÉ), lequel a été suspendu par le Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM). L’affaire a rebondi à l’Assemblée nationale.
Benoît Demuy, président du conseil d’établissement suspendu, explique que les six représentants du personnel de l’école auraient boycotté volontairement les réunions de l’instance. D’après lui, ils auraient agi ainsi pour amener le Centre de services scolaire à suspendre le conseil.
Révélant la cause probable du litige, M. Demuy rapporte que les six représentants des parents voulaient envoyer à ces derniers un sondage. Le but aurait été de recueillir leurs avis sur le programme d’anglais intensif.
«On est six parents du conseil qui se sont fait élire en disant qu’on aimerait explorer différentes avenues pour le programme de l’école», indique l’ancien président. À ses dires, les six représentants du personnel ne voulaient pas discuter du sujet et n’entendaient pas que les parents soient sondés.
M. Demuy a noté qu’après trois séances sans quorum, le Centre de services scolaire a suspendu le conseil d’établissement. Pour lui, on est en présence d’une situation exceptionnelle au Québec. En mars dernier, le CÉ tenait sa troisième réunion sans les représentants de l’école.
«Une situation préoccupante» pour le CSSDM
Le 6 avril, Francyne Fleury, directrice générale intérimaire du CSSDM, a adressé une lettre à M. Demuy pour lui signifier qu’une situation préoccupante perdurait depuis un certain temps au sein du conseil d’établissement de l’école Saint-Donat.
Elle a mentionné que plusieurs rencontres et discussions ont été organisées pour trouver une solution, mais qu’elles ont été toutes infructueuses. La directrice générale a évoqué alors une impasse majeure qui ne pouvait durer.
«En effet, lors des trois dernières séances du conseil d’établissement de l’école, le quorum n’a pu être constaté. Par conséquent, je me vois dans l’obligation de suspendre les fonctions et les pouvoirs du conseil d’établissement jusqu’à la fin de l’année scolaire 2020-2021», a tranché Mme Fleury.
Alain Perron, responsable des communications du CSSDM, précise à Métro que cette dernière a agi conformément à la Loi sur l’instruction publique (LIP). Il ajoute que durant la période de suspension, les fonctions et les pouvoirs du CÉ sont exercés par la direction de l’école pour ne pas paralyser le fonctionnement de l’établissement et assurer la réussite des élèves.
«Évidemment, cette décision n’a pas été prise de gaieté de cœur par le CSSDM. Elle vise à offrir un environnement scolaire optimal aux élèves et à permettre à notre équipe-école de se dédier entièrement à un objectif que nous partageons tous: la réussite scolaire», a appuyé la directrice de l’école Saint-Donat, Mullie Régis, dans une lettre envoyée aux parents.
Intervention du comité de parents des écoles de Montréal
La suspension du CÉ est décriée par le comité de parents des écoles du Centre de services scolaire de Montréal. Dans une résolution adoptée lors d’une séance virtuelle le 27 avril, et signée par son président Marc Étienne Deslauriers, il a demandé au CSSDM et au ministre de l’Éducation d’annuler la décision.
Il a invité par ailleurs tous les conseils d’établissement des écoles de ce centre de services, ainsi que de l’ensemble du Québec, «à dénoncer cette grave atteinte aux rôles et fonctions de démocratie locale des parents qui s’engagent ainsi dans leur conseil d’établissement.»
La députée Marwah Rizqy interroge le ministre de l’Éducation
Saisie du dossier, Marwah Rizqy, critique en éducation et députée de Saint-Laurent, a interpellé au salon rouge de l’Assemblée nationale le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge. Elle a réitéré que les représentants de l’équipe-école se sont absentés délibérément à trois rencontres consécutives du CÉ pour ne pas discuter d’une mésentente sur un point et amener le CSSDM à suspendre l’instance.
Mme Rizqy a souligné que la décision de suspendre le conseil d’établissement a été prise malgré l’opposition des parents de l’école.
«Est-ce que vous êtes capable, Monsieur le ministre, de rétablir la situation pour permettre aux parents bénévoles qui veulent s’impliquer dans leur école de quartier de pouvoir retourner au conseil d’établissement?», a interrogé la députée.
Elle a tenu à rappeler que le CÉ prend des décisions importantes qui ont trait notamment au budget de l’école et aux frais facturés aux parents. M. Roberge a qualifié la situation de particulière. «Je pense que c’est quelque chose qui est sérieux, c’est quelque chose sur laquelle on va se pencher», a-t-il promis.
Du 1er au 8 mai, une pétition a été lancée pour demander au ministre d’ordonner la reprise des activités du CÉ. Le document a été signé par 271 parents de l’école. L’établissement compte quelque 345 élèves.