Alors qu’un sentiment de retour à une «légèreté» estivale semble se diffuser sur Montréal, alimentés par l’aménagement et la réouverture des terrasses, de nombreux restaurants, des bars, eux, ont décidé de fermer leurs portes.
C’est le cas du bar à vin VV Taverna situé sur la rue Bellechasse, qui a annoncé sa fermeture définitive le 3 juin dans un post Facebook.
La Station Ho.st, sur la rue Ontario, avait aussi annoncé le 26 mai dernier, sa fermeture prochaine.
Des raisons diverses
L’incertitude quant à l’obtention d’un permis pour l’aménagement d’une terrasse et la capacité réduite du bar ont précipité la fermeture de VV Taverna, explique le bar dans une publication Facebook.
Le bar à vin prévoyait pourtant de rouvrir ses portes aux habitués quand les mesures sanitaires le permettraient. L’un des propriétaires, contacté par Métro, n’a pas souhaité commenter la fermeture récente du bar.
Le propriétaire de la Station Ho.st, ouverte depuis 2013, Frederic Cormier explique sa décision de fermer la brasserie par une combinaison de facteurs. Il cite notamment la fin de non-recevoir qu’il a reçue de la part de l’administration Plante en 2020 lors d’une demande d’aide pour l’installation d’une terrasse sur la rue Ontario.
M. Cormier explique que les effets de la pandémie couplée avec l’échéance de son bail fin juin 2021 l’ont mené à décider de la fermeture du bar. Il précise que le statut de locataire l’a empêché de faire certains aménagements au niveau des horaires ou afin de réduire la capacité de la salle.
S’il partage la nostalgie et la tristesse des habitués de la brasserie de quartier Station Ho.st, Frédéric Cormier considère la fermeture de la brasserie Ho.st, comme «un mal pour un bien». Celle-ci lui permettra de se concentrer avec plaisir sur «le coeur de son travail», la production de la bière de brasserie Hopfenstark spécialisée dans la production de bières sûres, qu’il a fondé en 2006 à Lavaltrie.
François Meunier, vice-président aux affaires publiques de l’Association des Restaurateurs du Québec, dit «ne pas être surpris» par la décision d’établissements de ne pas renouveler leurs baux en cette période économique incertaine.
De plus, pour lui, si l’ouverture des terrasses est synonyme de changement positif pour les établissements qui dépendaient jusqu’alors strictement des ventes à emporter, «une capacité d’accueil limitée pour de plus petits établissements (en raison du respect nécessaire des mesures sanitaires) ne permet pas d’envisager des retombées économiques suffisantes.»
«Pour les établissements qui possédait déjà une terrasse l’été dernier c’est une formalité, malgré les efforts ont été fait pour favoriser l’aménagement de terrasses, pour quelqu’un qui part de zéro c’est plus compliqué.» – François Meunier, Vice-président aux affaires publiques, Association des restaurateurs du Québec.
Un portrait plus sombre ?
Si les aides des différents paliers gouvernementaux, qui seront maintenues jusqu’à l’automne, ont permis à des établissements de survivre «la catastrophe de la pandémie», François Meunier anticipe dans quelques mois, «un portrait beaucoup plus sombre qu’aujourd’hui» une fois que les aides toucheront à leur fin.
François Meunier rappelle que le défi le plus urgent actuellement réside dans la pénurie de main-d’oeuvre, il espère la mise en place de mesures gouvernementales pour faciliter l’embauche de travailleurs étrangers et d’étudiants.
Pour le secteur de la restauration, au Québec, la pandémie de COVID-19 a provoqué près de 5 milliards de dollars de pertes, et près de 73 000 pertes d’emplois, symbolisant la plus grande crise à laquelle l’industrie a dû, et doit faire face.