Montréal

Un groupe demande la reconnaissance d’actes de «torture psychologique»

Un groupe demande la reconnaissance d'actes de «torture psychologique»

Les victimes et survivants des expériences secrètes de la CIA et le gouvernement canadien conduites à l’Institut Allan Memorial (MK Ultra), et leurs familles et sympathisants, ont manifesté pour la justice devant de Palais de justice de Montréal pour avoir des excuses officielles et de l’indemnisation pour les abus et la torture subis dans les années 40, 50 et 60.

Les membres du recours collectif des Expériences de l’Institut de psychiatrie d’Allan Memorial ont manifesté aujourd’hui devant le palais de justice de Montréal pour faire valoir leur combat, demander des excuses officielles et une indemnisation.

Le groupe de manifestants rassemble des sympathisants et survivants des expériences «secrètes et actes de torture psychologique» menées par la CIA et le gouvernement canadien dans les années 40 à 60 à l’institut Allan Memorial de l’hôpital Royal Victoria.

Sur la page de l’évènement, le groupe précise qu’il se mobilise tout l’été jusqu’à la présentation du cas du procureur général des États-Unis, à l’automne, où ses membres seront à nouveau nombreux pour demander que justice soit rendue.

Des expériences de «torture de psychologique»

Les expérimentations du Dr Cameron ont été réalisées, en pleine guerre froide, dans le cadre du projet MK-Ultra de la CIA. Elles tentaient d’effacer la mémoire des individus et de remplacer leur personnalité afin de tester des techniques mentales de contrôle à des fins militaires.

Selon le site du groupe, les expériences de Montréal constituaient en un véritable «lavage de cerveau», effectué sans consentement sur des centaines de personnes qui auraient eu l’impression de suivre un traitement médical approuvé.

Les expériences incluaient, entre autres, «le sommeil, le coma induit par des drogues, la privation sensorielle, l’exposition à des messages en boucle à la suite de l’administration de médicaments paralysants et de sédatifs musculaires et de médicaments pour supprimer la fonctionnalité et l’activation du système nerveux.»

Ces procédures ont eu pour les patients des «conséquences traumatisantes, préjudiciables et émotionnellement invalidantes à long terme sur leur vie et celles de leur famille.»

«Ce sont des vies humaines, des gens simples qui ont subi ces expérimentations et cela demande un leadership moral sur le plan politique pour que les préjudices et l’injustice subis soient reconnus» – Kristian Gareau – bénévole aux communications, groupe des sympathisants et survivants des expériences de Montréal.

Kirstian Gareau, bénévole aux communications, a appris récemment que sa tante avait été admise en 1958 à l’institut Allan Memorial, à la suite d’une décision du tribunal de l’interner pour des fugues répétées.

Elle avait 16 ans à l’époque et dit ne conserver que des souvenirs flous, ses dossiers médicaux révèlent qu’elle a reçu du LSD et d’autres substances. Selon M. Gareau, ce que sa tante a vécu a eu de lourdes conséquences sur sa santé mentale et sur les relations au sein de la famille.

Un recours collectif contre les expériences à l’institut Allan Memorial

Le groupe avait déposé un recours collectif, début 2019, contre l’Hôpital Royal Victoria, le Centre universitaire de santé McGill, le procureur général du Canada et le procureur général des États-Unis. La CIA est notamment accusée par le collectif d’avoir participé par le financement des «Expériences de Montréal.»

Dans le cadre de ce recours, une demande de rejet de la part du procureur général des États-Unis est entendue les 8 et 9 juin par la Cour supérieure du Québec. La demande de rejet, consultée par Métro, fait valoir «l’immunité de l’État américain face à la juridiction de la Cour suprême du Québec» pour la participation financière qui lui est reprochée.

Dans un post Facebook, le groupe qualifie l’argumentaire du gouvernement des États-Unis et du Canada relatif à l’immunité des états «d’astucieux» et demande à ce que «justice soit rendue et à ce que la souffrance des familles et de leurs proches soit reconnue.»

À ce jour ni le gouvernement canadien, la CIA, McGill ou l’Hôpital Royal Victoria ne se sont officiellement excusés pour leur implication dans les Expériences de Montréal, peut-on lire sur le site du groupe.

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