Après de multiples offres d’achat refusées, un couple de la Rive-Sud de Montréal peine à se trouver une maison dans le Grand Montréal et craint de devoir abandonner son rêve d’avoir un deuxième enfant.
Dans la dernière année, Andréanne Richard et son conjoint, David Laganière, tous les deux âgés d’une trentaine d’années, affirment avoir déposé au moins 13 offres d’achat, toutes refusées.
Par exemple, leur dernière offre était de 73 000 $ au-dessus du prix affiché de 300 000 $. «Parfois, on se fait battre par 2000 $. Parfois, c’est presque rien, mais parfois ça n’a juste aucun bon sens. Il y a des maisons qui se vendent à 110 000 $ de plus [que le prix demandé] alors qu’il y a 100 000 $ à mettre sur la maison», déplore la charpentière-menuisière.
Étant donné qu’elle avait déjà acheté une première propriété en 2015, Mme Richard explique qu’elle devait attendre 2020 avant de pouvoir acheter à nouveau. Or, quand la pandémie a frappé le Québec en mars 2020, les visites immobilières ont été mises sur pause.
Avec le recul, Andréanne Richard et David Laganière, qui est évaluateur immobilier, auraient fait les choses différemment. «Sachant que ça allait augmenter autant et aussi rapidement, je pense qu’on aurait été peut-être plus agressifs sur les premières maisons qu’on a visitées», affirme-t-elle.
Quand j’ouvre Centris et que je regarde sur la map les maisons qui sont dans mon quartier en ce moment, il n’y en a pratiquement aucune en bas de 600 000 $. Ce n’est pas tout le monde qui peut se permettre une maison à 600 000 $.
Andréanne Richard
Prix médian à 550 000 $
Le couple de La Prairie est loin d’être le seul dans cette situation. Partout, des couples qui, en 2019 ou 2020, ont reporté l’achat d’une propriété se retrouvent maintenant devant une situation difficile.
En effet, le directeur de l’analyse du marché de l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ), Charles Brant, souligne qu’il est presque impossible de trouver une maison unifamiliale pour un prix d’environ 370 000 $ dans la région de Montréal.
«Le pouvoir d’achat s’est dégradé au cours des 8 à 10 derniers mois avec la flambée des prix et, plus récemment, avec la remontée des taux d’intérêt. Il y a beaucoup de ménages qui ne vont plus pouvoir s’acheter d’unifamiliales», affirme-t-il.
Selon les données de l’APCIQ pour le mois de février, les maisons unifamiliales ont vu leur prix médian grimper à 550 000 $ dans le Grand Montréal. C’est une augmentation de 22% par rapport à 2021, où il se situait déjà aux alentours de 450 000 $. Sur l’île de Montréal, le prix médian d’une maison unifamiliale s’élevait à 722 500 $ au quatrième trimestre de 2021.
«Avec la pandémie, les choses se sont complètement accélérées. La proportion des transactions qui se sont effectuées à la suite d’un processus de surenchère représente quasiment deux propriétés sur trois. C’est ce qui fait augmenter les prix aussi rapidement», souligne M. Brant.
Abandon d’un rêve
Si Andréanne Richard et David Laganière n’arrivent pas à acheter une propriété très bientôt, ils craignent de devoir abandonner leur rêve d’avoir un deuxième enfant, faute de place dans leur logement actuel.
«C’est vraiment difficile, confie Andréanne Richard. C’était inconcevable pour moi d’avoir seulement un enfant. C’est frustrant parce que ce n’est pas moi qui choisis de ne pas en avoir un deuxième… J’en aurais un demain matin si je pouvais.»
Pas question non plus pour la petite famille de déménager en campagne, où les propriétés sont plus abordables. Les parents ne veulent pas s’éloigner de leurs proches.
«Si on va en campagne sur la Rive-Nord, on est très loin de la famille de mon chum, qui est sur la Rive-Sud. Si on s’en va en campagne plus loin sur la Rive-Sud, on s’éloigne encore plus [de ma famille]», explique la jeune maman.