Les locaux d’une association étudiante de l’UQAM ont été vandalisés par des militants se déclarant «wokes». L’incident, mêlé à d’autres tensions récentes, a poussé quelques étudiants de l’association à quitter l’université.
Des actes de vandalisme auraient d’abord été constatés en février. D’autres auraient été commis la semaine dernière, poussant les élèves à faire une plainte à l’UQAM. Une enquête interne est en cours, et la police a été avisée.
Dans des photos envoyées àMétro, on constate des bris matériels, en plus des écritures sur les murs. On peut y lire des messages haineux comme «le parlement est combustible», «ta gueule non woke» et «F*ck la CAQ».
«Nous sommes complètement découragés et le mot est faible, avoue la coordonnatrice de la vie étudiante de l’association, Marie-Audrey Bernier, dans une lettre expédiée aux médias. Nous avons peur, certes. Si peur que plusieurs d’entre nous changeons d’université pour nos études au second cycle. […] Aussi, tous les membres actuels de l’AEMSP quittent l’association étudiante».
Tensions continues
L’AEMSP accuse une autre association, l’Association facultaire étudiante de science politique et droit (AFESPED) d’avoir commis les méfaits. En fait, les incidents entre les deux groupes se seraient multipliés au cours des derniers mois, explique Mme Bernier.
L’AEMSP se serait notamment fait accuser d’être «un groupe d’hommes blancs hétérosexuels». Mme Bernier souligne que le groupe se caractérise pourtant par sa diversité: «juif, communiste, gauchiste, droitiste, conservateur, féministe, Colombien, Algérien, Québécois de souche, séparatiste, fédéraliste, homosexuel, queer».
Si l’UQÀM présente une variété d’idéologies, certaines d’entre elles nous sont imposées par la force par certains groupes minoritaires de l’école qui se disent woke.
Marie-Audrey Bernier
«Accusations infondées et diffamatoires»
Ces accusations sont fausses, assure pour sa part l’AFESPED. Elle aurait pris connaissance du vandalisme en même temps que les autres étudiants «sans gaieté».
Le fait que le comité exécutif de l’AEMSP prenne aujourd’hui l’AFESPED comme bouc émissaire et tienne des propos diffamatoires à son égard nous désole grandement.
Comité exécutif de l’AFESPED
L’AFESPED souligne que l’association consœur a organisé des activités jugées «inappropriées» par certains étudiants. «Citons par exemple des messages faisant la promotion de Donald Trump et de Vladimir Poutine, ou encore des photos de ces deux personnalités politiques au sein du bureau de l’AEMSP», écrit le comité exécutif de l’AFESPED dans un courriel adressé à Métro.
Toujours sécuritaire
Pour l’UQAM, voir des élèves quitter l’établissement est «une énorme tristesse». L’établissement demeure sécuritaire, assure-t-on, tout en condamnant l’incident.
«C’est une situation d’intimidation et de harcèlement et c’est complètement à l’opposé du climat que nous souhaitons voir sur le campus et des valeurs que vous voulons mettre de l’avant», commente le vice-recteur à la vie académique de l’UQAM, Jean-Christian Pleau, en entrevue avec Métro.
D’une autre part, l’université «n’endosse pas» les accusations de l’AEMSP envers l’AFESPED. L’établissement refuse aussi de relier le vandalisme au mouvement woke.