La valse des déménagements est passée depuis plus d’un mois et demi, mais certaines familles ne sont pas au bout de leur peine. Bien au contraire: plus les semaines passent, plus elles sont nombreuses à demander à être hébergées d’urgence à l’hôtel.
En date du 16 août, 43 familles étaient logées à l’hôtel, faute d’avoir trouvé un appartement. On en comptait pourtant 38 à la mi-juillet, et 33 le 28 juin, selon l’Office municipal d’habitation de Montréal (OMHM).
Les familles qui se sont ajoutées à la liste se sont «essentiellement trouvé un lieu temporaire dans la famille, chez des amis, ou une location temporaire au 1er juillet, mais ont fini par nous contacter lorsque leur solution ne tenait plus», explique le directeur des communications de l’OMHM, Mathieu Vachon.
Craignant de se retrouver à la rue, certains locataires sont restés dans leur logement malgré l’échéance de leur bail le 1er juillet. Certains d’entre eux ont été expulsés par les propriétaires au cours des jours ou des semaines qui ont suivi. D’autres avaient trouvé un appartement, mais ont depuis réalisé que les lieux étaient insalubres, explique le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ).
«La situation n’a rien d’étonnant, surtout quand on apprend que le prix moyen d’un trois et demie est maintenant 1500 $. C’est rendu beaucoup plus qu’inquiétant, c’est alarmant», commente le porte-parole du RCLALQ, Martin Blanchard.
Au-delà des ménages hébergés, la situation est critique pour des milliers d’entre eux. Certains doivent accepter de débourser 100% de leurs revenus dans leur loyer, de vivre dans un taudis ou de se contenter d’un divan.
Martin Blanchard, porte-parole du RCLALQ
Le RCLALQ s’attend à ce que la liste de ménages hébergés s’allonge au cours des prochains mois. Du côté de la Ville de Montréal, on estime que la tendance actuelle suit les prévisions. «L’accompagnement va bien et les ménages mobilisés trouvent progressivement des logements», commente le responsable de l’habitation, Benoit Dorais.
«L’accompagnement est personnalisé à chaque cas. Par exemple, on suit étroitement les ménages identifiés comme vulnérables ou à risque d’itinérance afin de les aider à conserver le logement qu’ils trouvent», ajoute-t-il.
Pistes de solutions
La solution à la situation actuelle serait des investissements massifs des gouvernements en logements sociaux, selon Montréal. Mais d’autres solutions à plus court terme et moins coûteuses s’offrent aussi à la Ville. Un moratoire pourrait être imposé par la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) concernant la conversion de logement frauduleuse, propose le RCLALQ.
Depuis le début de l’année, 200 ménages ont été victimes d’éviction en raison de subdivisions ou de rénovations de logements. Des inspecteurs pourraient être déployés pour empêcher ce type de tactique. Ces mêmes agents pourraient aussi détecter l’utilisation illégale d’Airbnb par des locataires.
À Québec, les partis politiques utilisent déjà l’enjeu du logement pour séduire l’électorat. La CAQ a récemment fait la promesse de construire 11 700 logements abordables. Québec solidaire propose d’en créer 50 000. Dans la province, 37 000 ménages se trouvent sur une liste d’attente pour accéder à un logement social, selon la Société d’habitation du Québec.
Lueur d’espoir
Dans le tumulte, certains ménages hébergés réussissent toutefois à trouver un logement. C’est le cas de la famille de Maritchu Ithurriague, qui avait fait l’objet d’un reportage de Métro. Elle s’était retrouvée à la rue après qu’un incendie eut ravagé son appartement.
Les parents et leurs trois enfants ont finalement trouvé un logement comme ils le désiraient, dans Villeray. «Mais on y arrive avec de grands sacrifices, explique Mme Ithurriague. On y arrive parce qu’on est bien soutenus par notre entourage. On ne pourra pas prendre de vacances, et il faudra oublier certaines petites dépenses.»
Dans ses recherches, le couple se limitait aux loyers oscillant entre 1500 $ et 2000 $. C’est finalement 2300 $ qu’ils débourseront mensuellement.