Montréal

Loi 21: un exode des policiers portant les signes religieux?

Marvin Rotrand

Marvin Rotrand, directeur national de B'nai Brith Canada

Ne pouvant pas exercer leur métier au SPVM ou ailleurs au Québec à cause du port de leurs signes religieux, depuis l’adoption de la loi 21, de nombreux candidats policiers seraient recrutés par la Gendarmerie royale du Canada (GRC) ainsi que d’autres provinces canadiennes. C’est ce qu’a expliqué la Ligue des droits de la personne B’nai Brith Canada, dans une conférence sur l’implantation de législations autorisant le port de signes religieux dans les forces policières.

Selon B’nai Brith Canada, aucune preuve ne démontre que le port des signes religieux interfère dans la sécurité publique.

«Il n’y a aucune preuve que l’interdiction québécoise du port de symboles religieux par les agents procure un véritable avantage public», a expliqué le président-directeur général de B’nai Brith Canada, Michael Mostyn. «La revendication de la neutralité de l’État par la province exclut simplement les personnes talentueuses issues de minorités religieuses.»

Pour B’nai Brith, cette loi restreint l’embauche de nouveaux policiers alors que Montréal et le Québec manquent d’effectifs.

Pour nous, il y a des problèmes avec les effectifs et on ne prend pas des gens qualifiés. Il n’y a aucune raison de ne pas les embaucher, sauf à cause de leur religion.

Marvin Rotrand, directeur national de B’nai Brith Canada

Des recrues pour la GRC, Toronto et Vancouver

Selon B’nai Brith, des recruteurs seraient envoyés pour venir chercher des candidats québécois, incluant des francophones dans l’incapacité d’exercer.

«Il y a beaucoup d’étudiants qui terminent leur cours de technologie policière. […] Parmi ces gens, il y a des candidats qui portent des signes religieux. Mais ces gens ne sont pas disponibles aux forces policières du Québec et ils sont recrutés par la GRC, par l’OPP et même par Vancouver», explique le directeur national de la Ligue des droits de la personne B’nai Brith Canada, Marvin Rotrand.

Michael Mostyn a ensuite questionné François Legault sur l’avantage de la loi 21 pour le travail des policiers.

«Nous demandons au premier ministre Legault de divulguer toute preuve que cette pratique est bénéfique pour la sécurité publique ou pour la société, dit-il. Nous soupçonnons qu’il ne sera pas en mesure d’offrir une preuve réelle autre que celle qu’il croit lui-même que cela est vrai.»

Contacté par Métro, le ministère de la Justice et de la Laïcité n’a pas souhaité commenter le sujet.

«Comme il s’agit d’un dossier judiciarisé, par respect pour le processus judiciaire, nous n’émettrons pas de commentaire», dit-il.

Des policiers autant efficaces et professionnels

B’nai Brith a rendu publique une enquête sur les politiques en matière d’uniformes de policiers. Elle montre que de nombreux départements de police pancanadiens ont revu leurs règlements pour inclure les personnes portant des signes religieux.

Les forces policières des quatre coins du pays auraient ainsi rapporté que le port de signes religieux par les forces de l’ordre ne change rien au professionnalisme et à l’efficacité des policiers. De plus, face à une démographie en perpétuelle évolution, cela permettrait de mieux représenter la population.

B’nai Brith rapporte aussi que l’acceptabilité sociale du port de signes religieux par les forces policières est bonne selon les corps policiers avec qui il a communiqué.

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