De nombreux jeunes et représentants de différents organismes ont témoigné et se sont adressés directement au ministre de l’Éducation Bernard Drainville ainsi qu’au premier ministre François Legault, le 1er février, lors d’un événement de presse tenu au centre Saint-Pierre. Ils enjoignent les deux élus à respecter les engagements pris par leur parti en mars 2020 à l’égard de tous les jeunes du Québec.
Prenaient part à l’événement de presse des membres du collectif La voix des jeunes compte, un groupe de jeunes qui lutte contre les violences sexuelles dans les écoles primaires et secondaires; Joëlle Martina, ancienne étudiante-athlète et mère de trois jeunes étudiants-athlètes; ainsi qu’Ernest Edmond, cofondateur de l’organisme Les ballons intensifs.
Dans la foulée de l’arrestation de trois entraîneurs de basketball de l’école secondaire Saint-Laurent accusés de crimes sexuels l’an dernier, le collectif La voix des jeunes compte a manifesté à maintes reprises, sans pour autant obtenir de réponses.
Lors de la conférence de presse tenue mercredi matin, la co-coordonnatrice du collectif, Clorianne Augustin, a mentionné l’urgence d’adopter une loi-cadre.
Une loi-cadre est l’unique moyen de s’assurer que des protocoles spécifiques aux violences sexuelles soient mis en application et que des conséquences soient appliquées lorsque ce n’est pas le cas. Une loi-cadre est l’unique moyen de mettre fin à l’impunité de ces établissements d’enseignement qui privilégient leur image plutôt que la sécurité de leurs élèves.
Clorianne Augustin, co-cordonnatrice du collectif La voix des jeunes compte
Clorianne Augustin dénonce que le ministre Drainville n’ait pas inclus la lutte contre les violences sexuelles parmi ses sept priorités annoncées la semaine dernière.
Une étudiante-athlète témoigne
Quelques jeunes filles ont témoigné de leurs expériences. Parmi celles-ci se trouvait Kenza, membre du collectif. Elle a souligné «qu’en cette rentrée parlementaire, les violences sexuelles demeurent les grandes oubliées et qu’elles ne figurent pas parmi les priorités du ministre de l’Éducation. En tant que jeunes, on se demande si nos vécus et nos voix comptent pour la classe politique.»
Pour sa part, Joëlla Martina, ancienne étudiante-athlète, a mentionné «qu’il était temps d’avoir un système pro-actif et non simplement de réagir passivement aux violences sexuelles. Il ne faut pas attendre les victimes, il faut les protéger», a-t-elle dit.
Joëlla Martina a ajouté qu’il existe des ressources qui viennent en aide aux victimes de violences sexuelles, mais qu’elles sont complètement débordées.
Un enfant doit prendre prendre tout son courage pour faire un dévoilement et c’est loin d’être évident. Quand les institutions ne font rien, les jeunes apprennent que leurs actions n’ont pas de conséquences. Est-ce que c’est bien le message qu’on veut leur transmettre? L’école et le sport peuvent changer la vie, assurons-nous que c’est pour le mieux.
Joëlla Martina, ancienne étudiante-athlète
Loi-cadre
Rappelons que la députée de Sherbrooke Christine Labrie avait déposé le projet de loi 394 l’an dernier et que celui-ci n’a jamais été adopté.
Ce projet de loi vise à prévenir et à combattre les violences à caractère sexuel dans les établissements d’enseignement dispensant des services d’éducation préscolaire, d’enseignement au primaire ou d’enseignement en formation générale ou professionnelle au secondaire, incluant les services éducatifs pour les adultes.
L’école secondaire Saint-Laurent
Pendant 20 ans, des joueuses de basketball de l’école secondaire Saint-Laurent ont vécu dans un climat néfaste, entretenu par le manque d’intervention adéquate. Telle est la conclusion du rapport de l’enquête administrative commandée par le ministère de l’Éducation, dans la foulée des accusations pour divers crimes à caractère sexuel déposées contre trois entraîneurs en février 2022.
Les trois accusés subiront leur enquête préliminaire au cours de l’année 2023.