La Ville de Montréal a conclu l’exercice financier 2022 avec un excédent budgétaire de 343,8 M$, une somme équivalente à 5,3% de ses revenus globaux. L’année financière est également marquée par une augmentation des coûts reliés aux heures supplémentaires et une explosion des investissements immobiliers.
«Je vous présente un bilan positif, représentatif de notre gestion responsable», s’est félicitée la présidente du comité exécutif de la Ville, Dominique Ollivier, vendredi lors du dévoilement du rapport annuel 2022.
Près de 282 M$ de revenus supplémentaires ont été générés par rapport aux prévisions budgétaires. La part du lion de ces revenus additionnels proviennent de transferts gouvernementaux (170,6 M$) et de droits de mutation immobilière (95,9 M$).
Mme Ollivier a défendu la hausse de taxes majeure de son administration annoncée à l’automne dernier, alors que la Ville génère des surplus, qualifiant même cette hausse «d’insuffisante». La Ville a réussi «un exercice d’équilibriste» selon elle, en payant une grande part des coûts reliés à l’inflation, à la pénurie de main-d’œuvre et aux changements climatiques.
Une fois qu’on aura renfloué notre réserve pour le déneigement, mis de l’argent de côté pour rembourser la dette et qu’on aura prévu un peu d’argent supplémentaire pour l’inflation […] on n’en aura pas de trop, croyez-moi.
Dominique Ollivier, présidente du comité exécutif de la Ville de Montréal
La pénurie de main-d’œuvre et l’organisation du travail coûtent cher à la Ville. Les dépenses en rémunération ont été de 126,2 M$ de plus que prévu. La grande majorité de cette somme est attribuable aux heures supplémentaires (94,8 M$), notamment au Service de police de la Ville de Montréal (60,9 M$). Au total, la Ville a dépensé 172,3 M$ en heures supplémentaires en 2022.
«L’hypocrisie de l’administration Plante, c’est d’avoir imposé aux Montréalais.es la plus importante hausse de taxes municipales depuis une décennie alors qu’elle présente des surplus de plus d’un quart de milliards de dollars pour l’exercice financier 2022», a dénoncé le porte-parole de l’opposition officielle en matière de finances, Alan DeSousa. «Dans les faits, l’administration Plante falsifie sa réalité budgétaire en taxant toujours plus, plutôt que de gérer sainement son budget.»
Explosion des investissements en habitation
L’habitation étant identifiée comme l’une de ses priorités, l’administration Plante a augmenté d’environ 65% en 2022 ses investissements pour la gestion et la planification des immeubles (178,5 M$) par rapport à 2021. La Ville a investi 63,6 M$ de plus qui ce qui avait été initialement prévu au budget.
Notamment, la Ville a lancé le Chantier Montréal abordable — doté d’une enveloppe de 40 M$ — et a assujetti à des fins d’habitation près de 350 lots, immeubles résidentiels et maisons de chambres, souligne-t-on dans le Rapport annuel 2022. «Ce qu’on a réussi à faire, c’est de préserver le parc de logements abordables», s’est réjouie Mme Ollivier. D’empêcher qu’ils passent entre des mains qui pourraient augmenter substantiellement le loyer.»
Toutefois, les dépenses de fonctionnement de la Ville en matière d’habitation sont passées de 145,9 M$ en 2021 à 118,4M$ en 2022, une baisse de 19%. La Ville avait pourtant prévu de dépenser une somme de 146,1 dans son budget 2022.
Cet écart s’appliquerait par une diminution des demandes de subventions d’organismes pour des projets de logement, notamment en raison de l’augmentation des coûts de construction, a expliqué le Directeur – Comptabilité et informations financières de la Ville, Raoul Cyr. Les sommes non déboursées seraient donc simplement reportées. «Les projets, quand ils vont arriver, l’argent va être encore là», a-t-il assuré.
Les investissements globaux de la Ville totalisent 1,9 G$ en 2022. Il s’agit d’une hausse de 374,7 M$ (24,6 %) par rapport à 2021. De cette somme, 666,1 M$ (+ 9,6 %) ont été dédiés à l’environnement et aux infrastructures souterraines, tandis que 549,9 M$ (+ 71,9 %) ont été investis dans les infrastructures routières.
La Ville augmente sa cote de crédit
La Ville a diminué sa dette de 30 M$ en 2022, une très légère baisse de 0,04%. La dette totalise désormais 6,5 G$.
Les efforts de la Ville pour assainir ses finances ont été récompensés. L’agence de notation financière Standard & Poor’s, qui évalue la solvabilité financière, a augmenté la cote de la Ville à AA, le 3e échelon sur 23. L’agence Moody’s a pour sa part maintenu sa cote à Aa2, le 3e échelon sur 21.
Cette augmentation «témoigne de notre bonne gestion à l’égard de la dette municipale», s’est réjouie Dominique Ollivier.
Le ratio d’endettement de la Ville (par rapport à ses revenus globaux) a atteint 106% en 2022, alors qu’il était de 114% en 2021. «Ça augure très bien quant à notre objectif de retourner à un ratio de 100% d’ici 2027», a affirmé Mme Ollivier. Le coût net de la dette par rapport à l’ensemble des dépenses demeure stable, passant de 11,2% à 2021 à 13,9% en 2022.