Peu après l’ouverture – et la fermeture – de la boutique de champignons magiques Funguyz, Métro est allé à la rencontre des Montréalais pour savoir s’ils sont d’accord avec la décriminalisation de cette substance hallucinogène. Si la Ville soutient la décriminalisation pour des raisons de santé publique, la population semble de son côté plus mitigée.
«Pour le peu que je connais, on l’a criminalisé pendant beaucoup d’années, donc, ç’a empêché de faire beaucoup d’études, de recherches pour pouvoir aboutir à des choses qui pourraient être positives pour nous. Pour ça, ce serait pas mal de décriminaliser», partage un jeune père de famille qui balade son enfant en poussette dans le parc Lafontaine.
Plusieurs Montréalais rencontrés avouent en savoir peu sur les champignons magiques. C’est le cas d’une dame qui a choisi de ne pas se prononcer. «Je ne sais pas à quoi ça sert réellement», dit-elle.
Décriminaliser pour mieux encadrer
Comme avec le cannabis, «dans tous les cas on en consomme, alors autant que ce soit bien fait», dit une jeune femme. Consommatrice occasionnelle, elle croit que de décriminaliser permettrait d’éviter certains effets indésirables de la consommation et de la production de champignons magiques non encadrées.
«Je suis d’avis que si ç’a fonctionné pour le cannabis à fumer, ça pourrait fonctionner pour d’autres substances psychédéliques», affirme une autre personne rencontrée par Métro.
Les vertus thérapeutiques des champignons magiques, lesquelles sont bénéfiques pour lutter contre les effets de certains problèmes de santé mentale, motivent la position de certaines personnes. «Moi je ne suis pas pour, à moins que ce soit pour guérir, pour soulager le mal de quelqu’un», partage notamment une dame du troisième âge, après que ses deux compagnes d’âge similaire se soient vivement prononcées contre toute consommation de drogues.
En Colombie-Britannique, un projet-pilote de décriminalisation des champignons magiques permet de tester localement les effets d’une telle mesure. Témoins de la faisabilité du projet, trois jeunes touristes de la Colombie-Britannique rencontrées au parc Lafontaine se disent pour un déploiement plus large de la décriminalisation.
Une fausse bonne idée?
On pourrait s’attendre à ce que les consommateurs de la substance aient tendance à appuyer la décriminalisation, mais pour certains, c’est plutôt le contraire. «J’ai déjà fait ça quand j’étais jeune, du mush», partage un homme qui admet avoir fait beaucoup de drogues dans ses plus jeunes années, entre deux lancés de balles de pétanque sur les terrains du parc Lafontaine. Il se dit toutefois contre la décriminalisation parce que, contrairement à «des drogues plus sociales comme le cannabis», le champignon magique tend à isoler le consommateur. L’isolement social est d’ailleurs un facteur contribuant à la dépendance, selon une étude américaine.
Plusieurs autres personnes s’opposent à la décriminalisation selon l’idée que la substance est en soi néfaste et que le gouvernement ne devrait pas encourager sa consommation. «Ça ne devrait pas exister. Les drogues, ça rend fou»», partage un homme qui admet lui-même ne consommer aucun stupéfiant ni même l’alcool. «Ç’aura juste un effet néfaste sur les jeunes», croit aussi un jeune adulte lisant un livre près de la fontaine du parc.