Le ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile, Steven Blaney, a annoncé lundi la création d’une équipe de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) spécifiquement affectée à la lutte contre la traite de personnes, que ce soit en matière d’exploitation sexuelle ou de travail forcé.
L’équipe sera basée à Montréal en raison du «leadership important au niveau de l’identification des victimes» déjà affirmé par les corps policiers qui ont procédé à plusieurs arrestations ces derniers temps, a mentionné le ministre. Il a notamment rappelé le réseau clandestin de traite de personnes impliquant le crime organisé roumain qui a été démantelé par la GRC en octobre à Montréal.
S’il n’y a pas de secteurs visés particulièrement, le ministre Blaney admet que les salons de massages à Montréal ne sont pas rayés de la liste. «Notre priorité est d’aller vers les victimes d’exploitation sexuelle. Dans certains cas, ça peut mener effectivement à aller dans les secteurs comme les salons de massage», a affirmé le ministre, lundi.
Un budget annuel de 2M$ sera accordé à cette équipe de plus de 12 personnes qui collaboreront avec les corps policiers du Québec.
«Permettre une meilleure coordination entre les corps policiers» était une priorité du Plan d’action national de lutte contre la traite de personnes publié en juillet 2012 par la GRC, affirme Alexandra Ricard-Guay, de la Coalition québécoise contre la traite des personnes. Cette équipe semble être la réponse des autorités, selon elle.
Toutefois, la chercheure regrette que cette équipe soit constituée d’agents déjà en place et reste sur sa faim en terme de ressources allouées. «Les membres de l’escouade travaillent déjà sur ces questions et ces enquêtes, alors quel sera l’appui supplémentaire?».
Car le travail n’est pas en reste et devrait idéalement s’étendre au-delà des frontières québécoises, selon la chercheure. «Une des problématiques dans le cas de traite de personnes, ce sont les nombreux déplacements des jeunes femmes impliquées dans les réseaux. Les routes bien connues sont notamment de Montréal vers l’Ontario, ou même parfois encore plus vers l’Ouest, où elles seront amenées à travailler dans les bars de danseuses ou les salons de massage», explique Mme Ricard-Guay.
Elle espère qu’une seconde étape de cette stratégie puisse permettre la création d’une deuxième équipe au niveau national afin de pallier ce problème. «Toutefois, là, on voit que c’est davantage au niveau du Québec, et basé à Montréal», déplore la chercheure.
À ceci, le ministre Blaney reconnaît le phénomène de déplacement des femmes impliquées dans ces réseaux et affirme que cette escouade «est une première étape du processus, mais plus on prend connaissance de l’ampleur de ce phénomène, plus on découvre qu’on n’a trouvé que la pointe de l’iceberg».
Le Centre national de coordination contre la traite de personnes (CNCTP), situé à la Direction générale à Ottawa, permet également de surveiller les enquêtes d’un point de vue national, selon le site web de la GRC.