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Affaire UNIS: les conservateurs «prêts à faire tomber» le gouvernement

Justin Trudeau
Justin Trudeau Photo: Dave Chan/AFP

Le Parti conservateur du Canada (PCC) pourrait tenter dès cet automne de «faire tomber» le gouvernement libéral, ébranlé par l’affaire du contrat accordé à l’organisme UNIS.

C’est ce qu’a indiqué le lieutenant conservateur pour le Québec, Alain Rayes, dans une entrevue accordée jeudi matin sur les ondes de Radio-Canada.

«À partir du 21 août, on sera prêt, nous, à faire tomber ce gouvernement et à le remplacer», a martelé l’élu de Richmond-Arthabaska.

C’est à cette date que les conservateurs connaîtront l’identité de leur prochain chef et successeur à Andrew Scheer. Au total, huit candidats se sont fait connaître: Peter MacKay, Erin O’Toole, Rick Peterson, Marilyn Gladu, Leslyn Lewis, Jim Karahalios, Derek Sloan et Rudy Husny.

Alain Rayes convient que ça «sera la décision du futur chef» de tenter ou non de déclencher des élections cet automne.

«Notre travail d’opposition, c’est de mettre en évidence les lacunes, les erreurs et le manque de jugement [du gouvernement]. On va commencer à monter notre plateforme électorale en vue d’une future élection», a ajouté M. Rayes au micro de l’émission Tout un matin.

Le statut minoritaire du gouvernement libéral signifie que le Canada pourrait se retrouver en élections rapidement. Le nouveau Parlement n’a été formé que l’hiver dernier.

Voilà maintenant plusieurs semaines que le premier ministre Justin Trudeau est sous le feu des projecteurs pour son implication avec l’organisme caritatif UNIS. La mère et le frère du premier ministre, Margaret et Alexandre Trudeau, auraient reçu 282 000$ d’honoraires de la part d’UNIS à titre de conférenciers.

Des ministres à la défense de Morneau

Le Parti conservateur exige par ailleurs la démission immédiate du ministre des Finances Bill Morneau. Lors de son passage devant le Comité permanent des finances, mercredi, ce dernier avait indiqué avoir remboursé à UNIS 41 000$ liés à deux voyages humanitaires organisés par UNIS effectués en 2017.

De passage à Montréal, deux ministres libéraux se sont portés à la défense de leur ministre des Finances.

«Le ministre [Morneau] a pu montrer du leadership durant les circonstances de la pandémie. Je suis certaine que les Canadiens pourront voir que son travail a été utile et pertinent dans les derniers mois», a soutenu la ministre du Développement économique et des Langues officielles, Mélanie Joly.

Interrogé quant au potentiel d’une élection, le ministre du Patrimoine canadien, Steven Guilbeault, s’est montré frileux.

«Je ne crois pas qu’il y a énormément d’appétit dans la population canadienne pour une élection alors que nous traversons la pire, sinon l’une des pires crises de l’humanité», a affirmé l’élu de Laurier–Sainte-Marie.

Selon l’experte en politique fédérale Stéphanie Chouinard, il ne suffirait que du soutien du Bloc québécois ou du Nouveau parti démocratique pour déclencher un nouveau scrutin.

«Compte tenu du ton des néo-démocrates, c’est peut-être plausible qu’ils appuient [la proposition des conservateurs], mais leur situation financière rendrait difficile une prochaine campagne générale», explique celle qui enseigne notamment à l’Université Queen’s, en Ontario.

La politologue s’attend par ailleurs à des difficultés de logistique pour Élections Canada.

«Je me demande quelle serait la réaction des Canadiens. J’ai l’impression que ça rendrait bien d’entre eux mécontents», lance-t-elle.

Les secousses d’UNIS

L’organisme UNIS, choisi pour administrer un fonds fédéral de 900 M$, a admis avoir versé par le passé près de 300 000$ en frais d’apparition à des membres de la famille du premier ministre.

Début juillet, UNIS, ou WE Charity, se retirait finalement du contrat. Le Commissaire aux conflits d’intérêts et à l’éthique à Ottawa a depuis amorcé une enquête. Elle devrait se poursuivre jusqu’à l’hiver.

C’est la troisième fois que le commissaire Mario Dion se penche sur des agissements du premier ministre et de son parti. Il a déjà blâmé le premier ministre à deux reprises, soit dans l’affaire SNC-Lavalin et plus tôt, pour ses vacances sur l’île privée de l’Aga Khan.

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