Chaque mardi, la journaliste et animatrice Julie Laferrière et l’humoriste, animateur et illustrateur Pierre Brassard posent un regard original sur les usagers du transport en commun.
Station Square-Victoria. Nous sommes vendredi, il est midi.
Les portes s’ouvrent, et il déboule sur le quai.
Je ne l’ai pas vu venir. Une furie! Je ne sais pas d’où il sort.
Il devait être dissimulé derrière cette dame au grand manteau ou encore assis en silence. Il doit avoir autour de quarante ans, porte une grosse moustache à la mode, un short léger, un t-shirt bleu foncé et est chaussé de sérieux souliers de course jaune-orange-qui-brille-dans-le-noir.
Je ne comprends pas trop où il s’en va, accoutré comme ça. Car, bien qu’il y ait des promesses d’éventuel printemps dans l’air, il fait toujours froid et il neigeait encore hier.
Il part donc au pas de course, gravit les escaliers quatre à quatre. Il a la foulée assurée des grands marathoniens. Bien sûr, je le perds rapidement de vue puisque par rapport à lui, j’avance à la vitesse d’une vieille tortue… inerte.
Je poursuis lentement mon chemin, ayant prévu ce midi-là, un peu écœurée par cet hiver de force qui ne nous quitte pas, profiter des couloirs souterrains pour faire quelques courses, bien à l’abri. J’emprunte un passage qui donne vers le Centre de commerce mondial. Il y avait longtemps que je n’avais pas passé un moment dans ce labyrinthe.
Sur mon chemin, je suis étonnée de constater qu’une cohorte de coureurs de tous âges s’entraîne en ce lieu, le transformant momentanément en piste de course.
Certains d’entre eux trottinent en petits groupes. D’autres, plus rapides, en solitaires. C’est le cas de notre ami à moustache que je revois rebondir avec l’entrain d’une super balle, de l’autre côté du couloir. Il a chaud, comme en témoignent les ronds que la sueur a formés sous ses bras et à l’encolure de son chandail.
Je ne sais pas trop jusqu’où ses pas le mèneront ce midi.
Mais je trouve franchement géniale l’idée de profiter de cet espace, de rester ainsi au chaud et, dans un même souffle, en forme. Il me prend alors une folle envie de me procurer moi aussi des runnings jaune-orange-qui-brille-dans-le-noir.
Mais faute d’en trouver, j’opte finalement plutôt pour une grosse brioche cannelle et raisins. Je me mettrai à la course demain.