Ahuntsic-Cartierville

Un champignon pour contrôler la population de l’agrile du frêne à Montréal

Pour éliminer les agriles du frêne, un champignon a été mis dans les pièges pour les contaminer

L’éradication de l’agrile du frêne ne sera jamais totale, mais il est peut-être possible de limiter et contrôler sa prolifération grâce à un champignon: le beauveria bassiana. Inoffensif pour l’humain, il agit comme pesticide auprès de l’insecte nuisible. Le chercheur Robert Lavallée, de Ressources naturelles Canada, mène des études pour vérifier son éfficacité.

Mardi matin, 8 h, rue Garnier, dans le quartier de Rosemont–La Petite-Patrie, M. Lavallée et quatre de ses acolytes, vêtus de gilets orange et jaune fluo, escaladent les frênes plantés sur le rebord de la route. À l’aide d’une corde, ils font descendre des pièges installés un mois plus tôt en haut des sept arbres alignés. «Ici, il y a deux agriles dans ce piège, 6 dans l’autre…au total sur ce site on en a trouvé une quinzaine. C’est deux fois moins qu’il y a 15 jours», précise le chercheur. Ce n’est pas le quartier où il y en a le plus.

«Dans le quartier d’Ahuntsic-Cartierville, j’ai trouvé 600 agriles du frêne dans un seul et même piège», illustre M. Lavallée.

Il a installé des pièges dans cinq quartiers de Montréal.

Leur fonctionnement est très simple. Des phéromones d’agriles femelles sont accrochées à un piège en forme de cône. L’agrile est attiré, se cogne au piège, tombe dans l’échantillon de champignon, se contamine, retourne sur l’arbre, s’accouple, la femelle est contaminée à son tour et meurent dans les cinq jours suivant. Pour la plupart des agriles, avant de dépérir, ils se cognent aux deux autres pièges collecteurs d’agriles mis en place. Un piège collant sur lequel l’insecte reste coller. Un piège récipient dans lequel l’agrile tombe et ne peut s’échapper. Arrive l’heure de la récolte, comme ce mardi matin.

Le but est de connaître le pourcentage d’insectes infestés par le champignon et morts à la suite de la contamination. «Il est intéressant de savoir si les agriles sont morts à cause du champignon ou pour une autre raison. Ainsi, cela permettra de savoir si le champignon est vraiment un pesticide efficace pour, non pas éradiquer, mais freiner la population de cet insecte nuisible aux frênes. La meilleure défense, c’est l’attaque», explique Robert Lavallée.

Si tout va comme prévu, il devrait avoir des résultats de ses analyses à l’automne.

La ville de Montréal monte au front
Montréal compte 200 000 frênes. Cela constitue 20% de sa forêt urbaine. En 2014, 572 frênes positifs ont été détectés par le programme de dépistage. Les autorités ont donc opéré des injections d’insecticides sur 13 000 frênes, l’année dernière.

«L’objectif est de trouver un maximum de frênes infestés pour les éliminer», confie le service de la direction de l’environnement de la ville. C’est pourquoi cette année, dans le cadre du plan de lutte contre l’agrile, 18 000 frênes ont reçu des injections de pesticide au cours de cet été et 4 000 autres en recevront cet automne.

Les arrondissements d’Ahuntsic-Cartierville et Mercier–Hochelaga-Maisonneuve sont les arrondissements les plus à risque. Ces secteurs incluent des foyers d’infestation plus anciens où l’agrile y a été découvert en premier.

Mais, la ville-centre se veut rassurante, «les frênes infestés ne représentent qu’une très faible proportion de notre forêt urbaine».

Articles récents du même sujet

Exit mobile version