Le conseil municipal de Montréal se prononcera lundi afin de modifier l’appellation du parc Vimy pour rendre hommage à l’ancien premier ministre du Québec, Jacques Parizeau. Une décision qui, même si elle n’est pas encore prise, sème une vive controverse.
«La bataille de Vimy est considérée par plusieurs historiens et par le premier ministre du Canada comme la fondation de notre pays, soutient le président de la Fondation Vimy, Christopher Sweeney. Dans neuf mois, on célébrera le centenaire de cet événement. C’est difficile de croire qu’on choisit cet instant pour changer le nom du parc.»
L’historien spécialiste de la Première Guerre mondiale, Carl Bouchard, tient le même discours. «Du point de vue d’un historien, c’est assez maladroit comme choix, et très étonnant dans le contexte du centenaire. Il y a le parc Beaubien juste à côté, qui n’aurait entraîné aucune levée de boucliers selon moi.»
L’ancien premier ministre de l’Ontario Bob Rae a qualifié cette décision de la ville de Montréal d’ «insulte pure et simple».
«Attachement»
Le comité exécutif de Montréal a adopté une résolution le 15 juin, à la suite d’une recommandation des élues d’Outremont, afin de rebaptiser le parc Vimy au nom du défunt politicien qui a mené le camp du Oui à un cheveu de la victoire lors du référendum sur la souveraineté du Québec en 1995. L’homme politique est né sur la rue Robert située à proximité de l’espace vert.
Dans une lettre envoyée à la mairesse Marie-Cinq Mars de la part de la Société d’histoire de l’arrondissement obtenue par TC Media, on peut lire que «l’attachement de Jacques Parizeau envers Outremont était indiscutable. Outremont a le devoir de commémorer ceux de ses citoyens qui sont devenus premier ministre, ce qu’elle a d’ailleurs fait dans le passé pour Pierre-Elliott Trudeau et Robert Bourassa.»
Histoire
Le Corps d’armée canadien reçut l’ordre de s’emparer de la crête de Vimy en avril 1917. Le combat semblait perdu d’avance, puisque toutes les précédentes attaques françaises avaient échoué, leur infligeant plus de 100 000 pertes. En quatre jours, les quatre divisions canadiennes, qui attaquaient ensemble pour la première fois, sont toutefois parvenues à la victoire. 3598 Canadiens furent tués et 7000 autres blessés.
«Ce n’est rien contre Jacques Parizeau. C’est un grand homme politique et il mérite un parc à son nom, mais pas celui-là. Il est nécessaire de se souvenir de la contribution et du sacrifice des soldats canadiens. On oublie trop souvent notre histoire», ajoute Christopher Sweeney.
Fait à noter, ce n’est pas toute la population qui est au courant de l’histoire rattachée à Vimy. Dans un sondage réalisé en 2015 par la Fondation Vimy, 25% des répondants ont répondu que Vimy était le lieu où les athlètes s’entraînaient en vue des Jeux olympiques de Sotchi.
Le nom de l’avenue de Vimy sur laquelle se situe le parc demeurera pour sa part inchangé.