L’Ordre des infirmières du Québec (OIIQ) a déploré que les infirmières soient toujours sous-utilisées dans le système de santé, lors de son congrès annuel qui débutait lundi à Montréal.
À son congrès de 2015, l’OIIQ faisait déjà valoir l’importance de mettre davantage à profit le travail des infirmières pour améliorer l’accessibilité aux soins. Les médecins peuvent notamment transmettre par ordonnances collectives à des infirmières certaines responsabilités comme ajuster des médicaments, donner certains soins et effectuer certains examens. Certaines infirmières peuvent également prescrire des médicaments comme la contraception hormonale. Mais cela ne se fait toujours pas suffisamment, selon la présidente de l’OIIQ, Lucie Tremblay.
«On veut prêter main-forte aux médecins et qu’ils soient libres de faire ce pour quoi ils ont été formés. Il y a des infirmières qui ne sont pas utilisées à leur plein potentiel», a commenté Mme Tremblay.
Par ailleurs, 380 infirmières praticiennes spécialisées (IPS), aussi appelées «superinfirmières», sont présentement déployées dans le réseau. «À ce rythme, c’est seulement en 2080 qu’on va en avoir 2000 sur le terrain, a lancé la présidente, peu de temps après que le ministre ait signifié son intention d’annoncer prochainement un calendrier de déploiement des IPS. J’aurais aimé que le calendrier soit dévoilé aujourd’hui.»
Dans son discours au congrès, le ministre de la Santé Gaétan Barrette a dit comprendre l’impatience des infirmières. «Vous trouvez que les choses ne vont pas assez vite et moi non plus. Mais les changements que vous attendez arriveront», a déclaré M. Barrette, confiant que 2017 sera une année charnière.
Le ministre a rejeté la faute de cette lenteur sur les médecins, qui seraient réticents à déléguer des tâches aux infirmières. Il croit toutefois que ces derniers n’auront pas le choix de le faire s’ils veulent atteindre l’objectif d’inscrire 95% des citoyens auprès d’un médecin de famille d’ici la fin de 2017, contenu dans une entente entre le gouvernement et la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ).
Si toutefois les changements ne se sont pas «intensifiés» d’ici un an, M. Barrette estime qu’il devra intervenir. «Les médecins qui posent des gestes qui devraient être faits par une infirmière [pourraient recevoir] une pénalité», a-t-il donné en exemple.
Mme Tremblay réclame pour sa part des «décisions gouvernementales d’organisation des soins». «On a des exemples comme à Verdun où les infirmières prennent en charge les clientèles orphelines et en réfèrent seulement un petit nombre aux médecins. Si on captait ces innovations et qu’on les diffusait largement, on transformerait le réseau», a plaidé Mme Tremblay.
La présidente de l’ordre croit qu’il faut également remettre en question de mode de rémunération à l’acte des médecins, ce qui n’est pas envisagé par le ministre. «Ils sont rémunérés pour leurs actes, c’est sûr qu’ils ne veulent pas les déléguer», a-t-elle estimé.