Salut vous autres,
C’est de Cayo Largo que je vous écris cette carte postale. Malheureusement pour moi, je serai déjà de retour chez nous au moment où vous la recevrez. Rien de nouveau sous le soleil, les vacances dans le sud sont toujours trop courtes.
Comme il se doit, mon voyage a encore une fois commencé avec un gros monsieur qui parlait fort à l’aéroport. Ça semble être mon lot : dès que je passe les formalités de l’enregistrement, je suis toujours pogné avec un gros gueulard qui me suit partout. Ce coup-ci, mon gros se vantait que c’était la 19e fois qu’il retournait au même resort et qu’il était tellement connu dans la place que le staff l’appelait «le boss». Ben «le boss» a eu une bien mauvaise surprise à son arrivée parce que c’est lui qui fut le dernier à avoir accès à sa chambre après quelques heures à poireauter dans le lobby. J’imagine que le staff faisait des moyens de pression… Jusqu’à la fin du voyage, le boss a eu l’air totalement débiné.
Le monde se comporte parfois bizarrement sur la plage. Par exemple, un matin, à quelques pieds de moi, un couple d’Italiens s’est tapé une formidable chicane qui a dû frôler les 7,5 sur l’échelle de Richter. Petit détail: les deux étaient à poil. On dira ce qu’on voudra, mais quand on s’engueule tout nus devant tout le monde, ça fait pas très sérieux. Heureusement pour nos tourtereaux, leur crise aura duré à peine le temps d’une brise. Et cinq minutes plus tard, ils partageaient de nouveau la même chaise longue, tous les deux collés-collés à se donner des bisous. C’était beau comme dans une vue.
Autre observation du moment : il y a maintenant décidément beaucoup de gens qui ont des tatoos. Même les têtes grises donnent de plus en plus dans le dessin corporel. À cet égard, les aînés disposent d’un avantage de taille sur les plus jeunes : ils ne seront pas obligés d’attendre d’être vieux pour savoir si ça va être laid, ça se voit au premier coup d’œil.
Dans un autre ordre d’idées, alors que je faisais la file au buffet, j’ai entendu une dame qui confiait à son amie que «la mer était tellement tranquille qu’elle avait l’air d’un œuf au miroir». Il fait tellement chaud à Cuba que, sans même faire exprès, l’humour du bon monde peut allègrement atteindre le deuxième et même le troisième degré. Je suis depuis hanté par cette image…
À part de ça, pas grand-chose d’autre à raconter, sinon que j’ai croisé les sosies de Hulk Hogan et de Jean-Thomas Jobin au cours de mon séjour. Si ça peut vous intéresser, sachez que le simili-Hulk Hogan est un Ontarien et que Jean-Thomas Jobin fait un lifeguard parfaitement crédible.
Pis vous autres, de votre côté? Rien de bien neuf si j’ai bien compris? J’ai su que les Canadiens étaient encore partis pour une seconde moitié de saison toute croche, que Martine Ouellet avait fini par se brancher et que les bars de célibataires allaient une fois de plus faire des affaires d’or à la Saint-Valentin. C’est pas mal tout.
Hâte de vous croiser avant que mon bronzage ne parte au lavage.
Votre ami Sylvain.
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