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Le saut de l’ange Gabriel

C’était écrit dans le ciel et dans le sol que Gabriel Nadeau-Dubois allait un jour faire le saut en politique. En politique traditionnelle, s’entend. Parce que depuis l’épisode des carrés rouges, sa capacité à faire, à défaire ou à refaire de la politique ne fait aucun doute.

Je ne vous dirai pas qu’il était mon préféré parmi les trois leaders étudiants lors du printemps de 2012. Je peux même vous certifier que c’était exactement le contraire. Intransigeant, rigide, insensible, voilà trois mots qui résument en gros la perception que j’avais de l’individu. Mais bon, c’est comme dans tout, avec le temps, mon regard s’est adouci. Surtout au lendemain du décès de Nelson Mandela quand, au micro de Marie-France Bazzo, il nous avait servi la mise en garde qu’il allait «être très dur envers l’homme d’État sud-africain et son héritage politique». Oh, le bel éclat de rire qui avait résonné dans ma cuisine. Y a des fois où GND ne se prend définitivement pas pour un sac de pelures d’oignon. Ce jour-là, je dois l’avouer, je l’avais trouvé franchement divertissant.

Il ne faut donc pas surréagir quand il accuse la classe politique des 30 dernières années d’avoir «trahi le Québec». Des choses pareilles, on n’a pas fini d’en entendre et ça ne sera sûrement pas le dernier effet de toge du sauveur du mois. En passant, vous aurez remarqué qu’en «limitant» sa condamnation aux 30 dernières années, GND a exclu d’office René Lévesque du box des accusés. Ce qui est, somme toute, fort sage de sa part. Théâtral, certes, mais quand même pas fou, le gars…

Là où j’ai vraiment hâte de voir la suite des choses, c’est quand j’essaie d’imaginer comment se fera le branchement avec la base de Québec solidaire. Un parti qui carbure justement à l’huile de militance. C’est bien beau de s’impliquer, d’endosser un programme au point de se présenter à une élection mais, quand on s’annonce comme étant le preux chevalier de la cause sans même avoir fait une journée au camp d’entraînement, disons qu’on se met b-e-a-u-c-o-u-p de pression sur les épaules. Le dernier à avoir fait ça était lui aussi connu par trois lettres : il s’appelait PKP. Et on connaît le résultat. C’est pas parce qu’un parti se jette dans tes bras que tu peux nécessairement passer par Go sans rendre de comptes à personne…

L’arrivée de Gabriel Nadeau-Dubois saura-t-elle rallier l’électorat des jeunes? Encore faudrait-il que la jeunesse ait des préoccupations souverainistes, et ça, c’est loin d’être certain. Pour le moment, j’entends surtout des cris de réjouissance de la part des vétérans, ce qui n’est sûrement pas le but visé. Ce n’est décidément pas demain la veille que ce projet ira prendre un coup à la fontaine de Jouvence.

Qu’on se le dise : GND n’a pas fini de faire aller les manches de sa toge pour faire lever les poussières de l’indépendance…

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J’aime Montréal et tout ce qu’elle a de beau. Ce qui ne l’empêche pas d’être capable d’imposture. Prenez le concept tordu de cette fameuse «ville souterraine» qui fait croire aux visiteurs de passage que des gens à la peau grise y vivraient sans jamais voir la lumière du jour, alors que, dans les faits, il s’agit d’une enfilade de centres d’achats branchés sur notre réseau de métro. Pauvres touristes, quand ils se rendent compte de l’arnaque… Là, on procède à l’envers en essayant de faire croire aux Montréalais que des touristes vont venir ici pour admirer notre pont Jacques-Cartier et son nouveau manteau de lumière. Je sais bien qu’une dépense de 40 M$ nécessite quelques justifications, sauf que là, faudrait quand même pas nous prendre pour des cons…

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Entendu : Blue ceilings, le nouvel album du groupe montréalais The Franklin Electric. Vous savez, quand on parle d’une maudite bonne pop. Inspirée, intelligente, articulée et tout le tralala… Bien voilà, tout est là. Jetez-y un coup d’oreille, vous allez tout de suite comprendre pourquoi j’ai craqué. Je le répète : la musique d’ici n’a jamais été aussi bonne. Juste qu’on l’entend de moins en moins…

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