C’est mon bon ami psy qui m’expliquait l’autre jour que le chialage – un exercice qui peut faire beaucoup de bien à l’âme – pouvait nous rendre totalement stérile quand on en faisait un trop grand usage. Conclusion : crache ce que tu as sur le cœur et passe à l’action au plus sacrant si tu veux améliorer la suite des choses.
Je ne vous apprendrai rien en vous disant que le Québécois moyen est un chialeux de haute voltige qui ne laisse pas grand-chose lui passer sous le nez. Suffit de l’écouter commenter ce qui se passe: le chialeux québécois sait tout. Toujours tout. On peut conséquemment en conclure qu’il dispose d’une extraordinaire capacité à changer tout plein d’affaires puisque, pour lui, tout semble toujours d’une désarmante simplicité. Ce qui m’amène à poser la question de la semaine: si on sait toujours tout après, pourquoi ne dit-on jamais rien avant?
Parce qu’il est justement là, le principal problème que l’on a avec nos experts en chialage : ils se distinguent essentiellement dans le département de l’après-coup. Ou, si vous préférez, dans le «second guessing». À cet égard, le plus récent épisode de crue des eaux aura été une extraordinaire plate-forme pour que nos élites du chialage puissent performer à la hauteur de leur science.
«Y’auraient donc dû installer des digues avant! Y’auraient donc dû faire venir plus de sable! Y’auraient donc dû appeler l’armée dès la mi-mars! Y’auraient donc dû ci, y’auraient donc dû ça, y’auraient donc dû toutte…» C’est fou à quel point nos connaissances à propos des inondations furent impressionnantes. A posteriori.
J’ai quasiment hâte à la prochaine catastrophe pour voir à quel point, une fois de plus, on va encore tout savoir. Sauf que, ce coup-là, ça serait juste le fun de le savoir avant.
Le Québécois est un chialeux de haut niveau qui excelle particulièrement dans l’après-coup. Imaginez tout ce qu’il pourrait faire s’il se faisait aller la trappe avant le déluge…
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Les médecins spécialistes n’en peuvent plus et affirment en avoir plein la bassine des «attaques incessantes et injustifiées» de leur boss, le bon Dr Barrette. Effectivement, ça ne doit pas être facile de tenir le mauvais bout du batte avec le ministre de la Santé. Mais, si ça peut consoler le moindrement nos toubibs, on leur rappellera qu’il agissait exactement de la même manière au cours des huit longues années où il les a «dignement» représentés. Dans le grand livre de la vie, on appelle ça le dur retour du karma.
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Vu: un bout du Gala Artis de dimanche soir. On dit bravo aux lauréats… même si on a l’impression qu’il n’existe à toutes fins pratiques qu’une seule station de télé au Québec. On invoquera que ce sont les choix du public et qu’un aussi vaste public ne peut forcément pas se tromper. Ce qui est tout à fait vrai. Juste qu’on n’est pas nécessairement obligé d’être d’accord avec…
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Souvenir du jour: il y a 25 ans aujourd’hui, le 16 mai 1992, je travaillais sur le grand Défilé Carnavalesque dans le cadre des fêtes du 350e de Montréal. Une méga procession imaginée par le trio Michel Lemieux, Richard Blackburn et Victor Pilon, qui était descendue tout au long de la Main vers le Vieux-Montréal. Un rassemblement presque sans accroc. Enfin, presque… Tout aurait été parfait si les spectateurs n’avaient pas piétiné le pauvre gars qui ouvrait le cortège avec son triporteur rempli de petits drapeaux et si un personnage gonflable de 20 pieds (avec quelqu’un dedans pour le faire avancer…) n’avait pas été gentiment éventré par un gars saoul en tout début de parcours. Raconté froidement comme ça, ça peut sembler bien laid mais, entre-nous, après tout ce temps, permettez-moi de vous confier qu’on avait bien rigolé…