Ça doit faire au moins trente ans que je n’ai pas mis les pieds à La Ronde et sûrement une bonne quarantaines d’années que je n’ai pas descendu les faux rapides du manège La Pitoune. Mais ça ne m’empêchera pas de croire qu’au cours du week-end dernier, l’entreprise américaine Six Flags a fait montre d’une stupéfiante indélicatesse envers les Montréalais en annonçant la mise au rancart définitive de ce manège mythique.
Quelques semaines après avoir souligné avec émotion le 50e anniversaire de l’ouverture d’Expo 67 et de sa jumelle La Ronde, le moment ne pouvait pas être plus mal choisi. S’il y a une chose qui est ressortie de ce grand brassage de souvenirs collectifs, c’est qu’il ne reste que trop peu de traces et d’artéfacts pour témoigner de cet événement qui nous aura tous marqués d’une manière ou d’une autre. La Pitoune faisait partie de ces rares monuments rescapés. Il va falloir l’oublier, elle aussi. Mais bon, est-ce que les grandes entreprises de divertissement sont tenues de brailler avec nous en ressassant notre bon vieux temps? Non.
On devine que la machine avait fait son temps et que les kids étaient passés à autre chose d’un peu plus excitant depuis longtemps. On ajoutera que Six Flags est une entreprise qui est là uniquement pour gagner de l’argent et qu’elle doit en conséquence rentabiliser au maximum chaque centimètre carré de son parc d’attractions pour faire ses frais. On sait bien tout ça, sauf que dans le cas présent, c’est plus qu’un manège qu’on a décidé d’envoyer à la scrap. C’est essentiellement une partie de notre mémoire – donc de nous – qui nous est enlevée. Juste ça.
On ne s’y fera jamais. Même si on commence à en avoir l’habitude.
Mettre la hache dans la Pitoune, c’est débiter une autre partie de nos souvenirs.
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Tant qu’à plonger dans le bain de la nostalgie, je ne saurais vous recommander plus chaudement l’écoute de la réédition marquant le 50e anniversaire de l’album Sgt. Pepper’s des Beatles. Tous arts confondus, ce disque est une des plus grandes œuvres du 20e siècle. Quand on parle d’une opération à risque élevé… Le travail de remixage de Giles Martin – noble fils de son père Sir George – est digne des meilleurs orfèvres.
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Salutations distinguées : à David Desrosiers, le bassiste de Simple Plan, qui a décidé de se retirer de la prochaine tournée européenne du groupe en raison de ses problèmes de dépression. Quand on sait ce qu’une décision semblable peut impliquer, il faut que le gars soit très courageux dans sa fragilité pour ainsi se mettre en retrait. D’autres avant lui ont été aux prises avec le même dilemme et ont continué malgré tout, histoire de faire tourner la roue, même si c’était à leur détriment. La plupart de ceux-là ont connu un destin tragique. Mes respects à celui qui a su s’écouter.
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Salutations hostiles : au sans-dessein à vélo dont le chien tiré par une laisse peinait grandement à le suivre, samedi dernier, aux abords du parc Laurier. Chaque année, je vois quelques demeurés à pédales qui agissent ainsi en parfaits tortionnaires. Et, chaque fois, je me demande pourquoi la police ne les arrête pas.
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Un des rares points positifs de la saison 2016 des Alouettes fut la nomination du secondeur Bear Woods en tant que joueur défensif par excellence dans la section Est de la CFL. Lundi matin, au tout début du camp d’entraînement, on a appris que ce joueur avait cavalièrement été remercié de ses services par Kavis Reed, le nouveau directeur-gérant de l’équipe. Sans que l’entraîneur chef Jacques Chapdelaine n’en ait été préalablement avisé. B-r-a-v-o…
Y font vraiment tout pour ne pas me faire regretter ma décision de ne pas avoir renouvelé mes billets de saison…
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Le comble du «passé proche», c’est de mener pendant 12 tours dans une course à la chefferie pour finalement se faire doubler dans le 13e et dernier droit. On suggère à Maxime Bernier de se consoler avec un Jos Louis et un grand verre de lait. Y a rien de tel pour replacer son homme.