MONTRÉAL — Il faut limiter le temps d’écran des enfants de 2 à 5 ans, selon la Société canadienne de pédiatrie (SCP), qui suggère moins d’une heure par jour. Quant aux petits de moins de deux ans, il n’est pas recommandé du tout de les laisser devant les écrans de télé et d’ordinateur.
L’exposition aux médias numériques est en hausse dans la vie familiale des Canadiens, note la Société. Et les inquiétudes des parents quant aux effets du temps d’écran sur leurs enfants augmentent aussi, souligne-t-elle d’entrée de jeu en publiant jeudi un document qui se veut un énoncé de principes, après avoir effectué une revue de la littérature scientifique sur cette question.
Par «temps d’écran», on désigne ici tout le temps passé devant ceux-ci, quel que soit le moyen: téléphones intelligents, tablettes, télévisions, jeux vidéo, ordinateurs et toute technologie portable.
Et cette limite proposée n’est pas respectée actuellement: en 2014, l’organisme caritatif Jeunes en forme Canada a constaté que les enfants de 3 à 5 ans passent en moyenne deux heures par jour devant un écran — soit plus du double recommandé.
D’ailleurs, seulement 15 pour cent des enfants d’âge préscolaire passent moins d’une heure par jour devant une télé ou une tablette, selon une autre étude citée.
Et ce n’est pas juste à la maison: de nombreux enfants d’âge préscolaire cumulent le temps d’écran chez eux et en milieu de garde, souligne la Société.
Pourquoi la SCP s’est-elle intéressée à ce groupe d’âge spécifiquement?
D’abord, parce que les premières expériences de l’enfant à l’égard des écrans peuvent être déterminantes, souligne-t-elle, citant maintes études. Et puis, elles peuvent créer une dépendance, et une surexposition pendant la petite enfance accroît la probabilité de surutilisation plus tard. Aussi parce que les habitudes relatives à la santé, y compris l’utilisation des médias, se cristallisent plus facilement pendant la petite enfance que plus tard.
La Société a voulu recenser les bienfaits et les risques potentiels du temps passé devant les écrans pour les enfants de moins de 5 ans. Parmi les aspects évalués, elle a regardé l’impact sur le développement du cerveau.
À ce sujet, elle conclut qu’on ne sait pas si l’exposition précoce aux médias sur écran modifie le cerveau en développement. Par contre, une forte exposition à la télévision en arrière-plan nuit à l’utilisation et à l’acquisition du langage et au niveau d’attention, est-il rapporté dans le document.
Mais tout n’est pas noir: à compter de l’âge d’environ 2 ans, des émissions de télévision bien conçues, adaptées à l’âge et comportant des objectifs éducatifs précis, peuvent être un moyen supplémentaire d’améliorer les aptitudes sociales et linguistiques de tous les enfants de 2 ans et plus, particulièrement ceux qui vivent dans la pauvreté ou qui sont autrement défavorisés. Elles peuvent aussi encourager des attitudes positives envers les groupes ethniques.
La Société conseille de limiter le temps d’écran mais suggère aussi aux parents de regarder le contenu avec leurs bambins, histoire d’établir des liens entre le contenu et la réalité et de renforcer les aptitudes comme l’attention, la mémoire et la réflexion. Il est aussi recommandé aux parents d’alterner entre les activités impliquant des écrans et le jeu actif.