Les Alouettes ont tout perdu. Perdu le match de dimanche qu’ils devaient absolument gagner contre Ottawa. Perdu la face une autre fois devant ce qu’il leur reste de fans. Perdu la majorité de leurs abonnés depuis quelques années. Perdu leur rang dans la hiérarchie sportive montréalaise aux mains de l’Impact. Perdu le respect des médias. Sans parler de ce qu’il y a de pire à perdre pour une organisation sportive : ce petit quelque chose qui s’appelle l’affection inconditionnelle des partisans. Perdu, perdu, perdu, tout perdu. Par leur faute, uniquement par leur très grande faute.
J’ai été un fidèle abonné aux matchs des Alouettes pendant 19 ans. J’étais là le jour où ils sont revenus jouer au stade Percival-Molson, confortablement assis sur deux madriers pourris à m’arracher le fond de culotte dans un champ d’échardes. Un peu plus loin, à ma gauche, un arbre avait poussé dans les vétustes gradins de l’Université McGill. Et malgré tout ça, le coup de foudre a été instantané. Comme quoi l’amour peut parfois être délicieusement aveugle et candide…
Rappelons-nous le contexte qui régnait sur la scène sportive montréalaise à la fin des années 1990. La popularité des Canadiens était en chute libre (pas un Québécois n’avait même voulu envisager l’achat de l’équipe…), les Expos avaient déjà amorcé leur inélégante sortie du baseball majeur et l’Impact bottait le ballon devant une poignée d’aficionados dans l’anonymat relatif du Complexe Claude-Robillard. Dans cette mosaïque pour le moins tristounette, les Alouettes étaient merveilleusement bien tombés. Et les estrades s’emplissaient à chaque rendez-vous sur le mont Royal. Le monde avait décidé que le fun se passerait là.
Certes, tout n’était pas parfait, mais bof, on s’en foutait pas mal. On savait bien que Larry Smith nous boulechitait avec son record de salles combles (on les voyait, nous, les bancs inoccupés dans les coins…). Ça crevait les yeux que le club n’était pas toujours aussi bon qu’on voulait se le faire croire et on se doutait bien que la structure de l’organisation reposait sur une botte de foin. On avait tout simplement décidé que ça ne nous dérangeait pas.
Entre-temps, des choses ont commencé à sortir. Un certain malaise s’est installé et s’est mis à prendre de plus en plus de place. Un président s’est fait démissionner en emportant avec lui de drôles de rumeurs sur son comportement, un autre s’est fait botter le derrière hors des bureaux parce qu’il était bête comme ses pieds avec ses employés. Le directeur général Jim Popp s’est incrusté (encrassé?) dans son omnipotence en oubliant en chemin de renouveler son alignement. Et les instructeurs se sont succédé à un rythme tout aussi effarant que grotesque. Treize changements de coach en vingt ans, avez-vous déjà vu ça ailleurs, vous? Ne vous demandez pas pourquoi le monde a fini par s’écœurer d’un cirque pareil.
Sans parler de ce marketing à la con qui a complètement dévalué la valeur de ce produit somme toute fragile. Imaginez comment on se sent, en tant qu’abonné de longue date, quand on entend l’annonceur maison faire la promotion d’offres qui te font comprendre que tu pourrais payer ton billet au tiers du prix avec un hot-dog et un Coke en sus. Y a quand même des limites à se faire prendre pour une champlure à cash…
L’an prochain, un autre patron sera vraisemblablement nommé. On gage combien? Il engagera un nouveau coach, annoncera la signature de nouveaux joueurs qui devraient – bien sûr – tout arracher sur le terrain. La mascotte fera le tour des centres commerciaux et les joueurs francophones feront encore leur gros possible pour vendre des billets.
Et je n’y serai pas. Le jour viendra où les Alouettes n’y seront plus. Dommage, on s’est bien amusés. Mais c’était il y a longtemps.
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À la veille d’entreprendre le dernier droit dans la course à la mairie, la chef de Projet Montréal, Valérie Plante, vient de recevoir l’appui de Me Anne-France Goldwater. Pas sûr que ce soit une bonne nouvelle. Pas que Mme Goldwater ne soit pas une femme brillante, bien au contraire. Sauf qu’elle est une incorrigible cabotine qui est incapable de s’empêcher de dire tout ce qui lui passe par le ciboulot.
Dommage: avec tout ce qui se passe en ville, on avait justement besoin d’une campagne électorale signifiante. Avec des connivences comme celle-ci, je doute fort que le débat puisse lever bien haut.
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Vu: le documentaire musical Rumble: The Indians Who Rocked The World. Un film sans aucune prétention mais d’une indiscutable efficacité qui fait une brillante démonstration de l’apport des artistes amérindiens dans la sphère de la musique pop. De Link Wray à Robbie Robertson, on apprend plein de choses sur le sujet. En passant, saviez-vous que coulait du sang indien dans les veines de Jimi Hendrix? Allez voir ce documentaire, vous en apprendrez encore bien plus. C’est présenté au Cinéma du Parc et au Beaubien.
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Jeudi soir, je serai dans les hauteurs du Centre Bell pour voir jouer les Canadiens contre New Jersey. Chaque année au mois de septembre, c’est plus fort que moi, le hockey me manque trop et même un match présaison avec plein d’inconnus fait amplement l’affaire. Juste un petit détail me chicote…
Voici l’équation: le prix du billet est de 47$. Ajoutez à cela des frais de service de 12$ et des frais de téléchargement (!) de 5$. Pour un total de 17$ de frais divers attachés à un billet de 47$. Ce qui m’amène à un profond questionnement.
A) Quelqu’un pourrait-il m’expliquer quelle est la différence entre des frais de service et des frais de téléchargement?
B) Et, si ce n’est pas trop demander, comment on peut justifier des frais additionnels qui représentent 36% du coût du billet à la base?
Après ça, je ne demanderai plus rien, c’est promis.