MONTRÉAL — Plus d’un an après avoir lancé la campagne pour le salaire minimum à 15 $, le mouvement syndical et des groupes sociaux la relancent, avec, comme point culminant, une grande marche de «15 kilomètres pour le 15 $ le 15 octobre».
«C’est l’automne, on est à la reprise des activités parlementaires. Les élections s’en viennent dans moins d’un an, donc on a jugé bon de redonner un grand coup avec une marche le 15 octobre prochain pour 15 $», a expliqué le président de la FTQ, Daniel Boyer, au cours d’une entrevue avec La Presse canadienne, mercredi.
Et la campagne ne sera pas concentrée uniquement à Montréal, puisque diverses activités sont prévues: campagne de publicité dans les abribus du 16 au 22 octobre à Québec, soupe populaire à Trois-Rivières et Saint-Jérôme, remise de tracts au centre-ville de Sherbrooke et marche avec banderole, kiosque au cégep de Sept-Îles et d’autres activités à Gatineau, en Abitibi, en Montérégie, au Lac Saint-Jean, en Estrie et au Bas Saint-Laurent—Gaspésie.
Le point culminant sera la grande marche de 15 kilomètres pour le 15 $ le 15 octobre, à compter de 10h au métro Lionel-Groulx jusqu’à 14h30 au parc Jarry, à Montréal.
Et pour ceux qui n’ont pas la forme, il sera possible de s’y joindre en marchant 5 ou 10 kilomètres. Des contingents se joindront à la grande marche à la Place Émilie-Gamelin à 11h30 pour les 10 kilomètres et au parc Laurier à 13h pour les 5 kilomètres.
«Je lance un défi à tout le monde. Moi, j’ai dit que je marchais les 15 kilomètres. On n’est pas obligé de marcher les 15 kilomètres, il y en a qui peuvent en faire juste des petits bouts, certaines étapes. Je pense que c’est important qu’on remette sur la scène publique l’importance de cette campagne-là», a plaidé M. Boyer.
Les organisateurs ont également produit un jeu questionnaire interactif, avec choix de réponse, qui est actuellement disponible sur le site web de la FTQ, ainsi qu’un argumentaire élaboré qui aborde les différentes objections parfois soulevées dans le débat sur le salaire minimum à 15 $: effets sur le décrochage scolaire, sur une hausse des prix, effets sur l’emploi, etc.
Des succès
La campagne a jusqu’ici porté certains fruits.
À la FTQ, par exemple, la section locale 298 du Syndicat québécois des employés de service a réussi à obtenir ce salaire minimum à 15 $ pour ses préposés aux bénéficiaires qui en gagnaient 12 $ ou 13 $ dans plusieurs résidences privées pour personnes âgées.
De même, 4000 étudiants salariés de l’Université de Montréal, membres d’un syndicat affilié à la FTQ, qui travaillent à l’admission ou lors des journées «portes ouvertes» de l’université, par exemple, l’ont aussi obtenu, plus tôt cette année.
«Notre campagne a donné quelque chose», conclut Daniel Boyer, qui n’a pas l’intention d’arrêter. Et sa centrale compte plus de 600 000 membres au Québec.
Les campagnes syndicales n’ont pas toujours l’effet escompté auprès du public, mais celle-ci a certes suscité l’intérêt de la population, à en juger par les médias sociaux, les tribunes téléphoniques, les recherches qui s’en sont suivies, d’autres groupes de pression qui se sont mis de la partie et des hommes d’affaires qui ont pris position publiquement sur la question, comme Alexandre Taillefer, en faveur, ou Alain Bouchard, de Couche-Tard, contre.
La popularité de cette campagne a sans doute contribué à pousser le gouvernement du Québec à hausser le salaire minimum de 50 cents, le 1er mai dernier, le faisant passer de 10,75 $ à 11,25 $, alors que les hausses précédentes avaient été bien moindres.
Il faut dire aussi que l’Ontario a annoncé qu’elle porterait graduellement son salaire minimum à 15 $ en 2019 et l’Alberta fera de même en octobre 2018.
Mercredi, d’ailleurs, au nom de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois a déposé un projet de loi pour garantir plus de transparence dans le processus de fixation du salaire minimum, par le biais de consultations publiques et par l’Assemblée nationale.
La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, qui représente des PME, appréhende les effets de hausses trop marquées du salaire minimum. Elle dit craindre pour les emplois. Et elle soutient qu’il appartient d’abord au gouvernement d’adopter des mesures pour combattre la pauvreté.